La goélette Tara s'apprête à repartir en mission pour étudier l'infiniment petit dans l'océan

Le 12 décembre, cinq ans après l’adoption de l’Accord de Paris, la goélette Tara s’élancera depuis Lorient, son port d’attache, pour une nouvelle expédition scientifique. Sa mission : "mieux comprendre le peuple invisible de l’Océan".

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70.000 kilomètres en mer, 21 escales: la goélette Tara s'apprête à repartir en mission scientifique pendant 21 mois pour étudier les micro-organismes marins (virus, bactéries, micro-algues ), dont le rôle, essentiel pour les océans, est mal connu.

"La définition du microbiome, ce sont tous les organismes plus petits qu'un millimètre, essentiellement unicellulaires, des virus, des bactéries, des archées et des protistes", a expliqué Colomban de Vargas, directeur de recherche CNRS, lors d'une conférence de presse en ligne mercredi. "Ce sont non seulement ces organismes, mais aussi leur théâtre d'activité: toutes les interactions entre eux, avec des organismes plus gros ou avec l'environnement", a-t-il précisé.


Grâce au plancton, l’Océan absorbe 25% du CO2 émis par l’homme


Ces micro-organismes jouent un rôle essentiel, contribuant à stocker du CO2, à produire de l'oxygène et constituant le premier maillon de la chaîne alimentaire. Mais leur fonctionnement reste encore à comprendre.

Au cours de ses expéditions précédentes, Tara a ramené 100.000 échantillons d'écosystèmes marins, ce qui a permis d'identifier des composants du microbiome. "On sait qui est là, mais on ne sait pas vraiment comment ça marche", a indiqué Colomban de Vargas. Or, "il faut comprendre les fonctionnements, c'est important pour prédire la réponse au changement climatique", aux pollutions ou aux changements de nutriments, a expliqué Daniele Iudicone, océanographe, et coordinateur de la mission.

Le navire partira le 12 décembre de Lorient, le port d'attache du bateau, pour 21 mois. Cette date correspondra au 5e anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat. "Le contexte du court terme", avec la crise liée au Covid-19, "ne doit pas nous faire oublier les enjeux du long terme" du réchauffement climatique, a souligné Romain Troublé, directeur général de la fondation Tara Océan.
 

De l'Amérique du sud jusqu'aux côtes Africaines


Cette nouvelle expédition mènera d'abord la goélette au Chili, avant de longer l'Amérique du Sud jusqu'au canal de Panama, de transiter par les Antilles françaises en juillet 2021, de redescendre le long de l'Amazonie, l'Argentine, puis d'aller en mer de Weddell, en Antarctique.

Ce sera l'occasion d'étudier le panache du fleuve Amazone, alors que "l'Amazone est en train de changer ses caractéristiques à cause de la déforestation et des mines", a indiqué Daniele Iudicone, ou encore de prélever des échantillons autour d'un iceberg alors qu'ils "s'effondrent de plus en plus à cause du changement climatique".

De là, la goélette remontera en Afrique du Sud, en mars 2022, puis longera le continent africain, avec plusieurs escales, avant de rejoindre Lisbonne en septembre 2022 et de rentrer en France.  "Les fleuves africains sont très importants (...) mais méconnus", notamment "en terme de pollution", a poursuivi le scientifique.

Tara étudiera aussi les remontées d'eaux profondes, un phénomène qui enrichit les zones en nutriments, au Chili, au Sénégal et en Namibie, et où sont pêchés un quart des poissons mangés, même si elles ne représentent que 5% de la surface océanique. Il s'agira de "comprendre comment les microbiomes soutiennent cette production exceptionnelle et leur vulnérabilité au changement climatique", a dit Daniele Iudicone.


Une collaboration internationale


Quinze marins et 80 chercheurs se relaieront à bord, avec 42 institutions scientifiques impliquées dans 13 pays, dont la France, le Chili, le Brésil, l'Italie ou l'Afrique du Sud. Ces recherches seront faites en coopération avec le gouvernement chilien ou encore dans le cadre d'un projet de recherche européen. Des partenaires vont "utiliser ces données pour mieux comprendre la résistance des bactéries aux antibiotiques", a expliqué Daniele Iudicone.

Les marins et scientifiques seront confinés une semaine avant leur départ et soumis à un test PCR et des tests antigéniques auront aussi lieu pendant la mission pour éviter tout risque sanitaire.

Comme à son habitude, cette mission sera aussi l'occasion de sensibiliser le grand public, et en particulier les enfants, à l'importance de l'océan, a fait savoir Stéphanie Clément-Grandcourt, directrice du développement de la fondation Tara Océan. Un partenariat avec des écoles brésiliennes a été mis en place.

Le bateau n'est pas encore parti que l'équipe pense déjà à la suite, avec un projet sur les "enjeux de santé et environnement autour des côtes européennes en 2023", a fait savoir Romain Troublé.
 
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