Le 12 novembre 2021, Céleste Starck, 14 ans, se donnait la mort chez elle à Port-Louis. Depuis plus d'un an, elle était victime de cyberharcèlement dans son collège privé. Après des mois de silence de l'institution judiciaire, l'avocat de la famille de Céleste parle d'une "accélération de l'enquête avec des auditions en cours et des mises en examen qui pourraient intervenir auprès des mineurs mis en cause".
21 mois ont passé depuis le décès de Céleste qui s'est donné la mort chez elle à Port-Louis après avoir été victime de cyberharcèlement au sein de son collège privé.
Pour Maitre Franck-Olivier Ardouin, l'avocat des parents de l'adolescente, "la famille continue de vouloir comprendre les failles et les dysfonctionnements. Ils ne sont pas animés d'une volonté de vengeance ou de revanche judiciaire."
Après plusieurs mois de silence et d'absence d'informations, "l'enquête semble connaître un changement de braquet" selon l'avocat. L'information judiciaire avait été ouverte à l'été 2022. Pendant 10 mois, il ne s'est apparemment rien passé.
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L'avocat est intervenu à plusieurs reprises pour que l'enquête soit menée rapidement. "J'ai dû faire des demandes d'auditions au juge et aussi de recherches sur les réseaux sociaux par les gendarmes. Car avec le temps, il y a un délitement rapide des preuves sur ce genre de dossiers." ajoute Maitre Ardouin.
Nous avons été contraints de faire des demandes d'actes en urgence pour que le temps ne fasse pas disparaître des preuves.
Maître Franck-Olivier ArdouinAvocat de la famille de Céleste
Il indique par ailleurs que ses clients seront entendus fin octobre par le magistrat instructeur. "Je vois aussi que des auditions sont en cours pour les trois mineurs mis en cause. Peut-être des mises en examen à venir."
Céleste avait envoyé des signaux qui n'ont pas été pris en compte par l'institution scolaire.
Ce que regrette la famille, c'est que le collège privé Saint-Pierre de Port-Louis et la direction diocésaine du Morbihan n'ont pas eu "un traitement individualisé" du harcèlement que subissait Céleste depuis plusieurs mois.
L'avocat tient à préciser que "l'adolescente avait envoyé des signaux au sein du collège. Elle en avait parlé avec des élèves mais aussi avec un conseiller principal d'éducation et d'autres adultes étaient au courant." Il ajoute : "depuis le décès de Céleste, on se bat pour qu'il y ait une enquête administrative. Elle n'a pas eu lieu. Du côté du diocèse, nous avons reçu une fin de non-recevoir car on nous dit que les faits ne se passaient pas à l'école."
De son côté, Stéphane Gouraud, le directeur diocésain de l'enseignement catholique du Morbihan, que nous avons joint, affirme qu'"après cette nouvelle dramatique, nous avons pris le temps avec l'équipe de la direction du collège de revoir tout ce qui s'était passé. Tout ce qui devait être fait, a été fait. Nous avons mené les sessions d'informations et de prévention contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement avec tous les élèves." Et il ajoute, "nous avons eu des contacts avec la famille avant le décès, le jour même et après."
Depuis plus de deux ans, nous avons mis en place la méthode dite de préoccupation partagée. Elle permet d'analyser avec les équipes des situations à risque qui se présentent. Mille personnels ont été formés.
Stéphane GouraudDirecteur diocésain Enseignement Catholique du Morbihan.
Le directeur diocésain assure que le décès de Céleste a rendu la question du harcèlement beaucoup plus présente. Il précise : "nous allons continuer les temps d'information sur les conduites à risque et le harcèlement. Nous allons tout mettre en œuvre pour que des situations comme celle-ci, ne puissent plus avoir lieu."
Mais pour l'avocat des parents de Céleste, "s'il y a bien des responsabilités du côté des mineurs mis en cause, il y a aussi des responsabilités du côté des adultes et de l'institution scolaire. Dans le collège et au diocèse, ils n'ont pas su individualiser la situation dans laquelle se trouvait Céleste et en plus sans jamais en parler aux parents de l'adolescente".
Côté collège et enseignement catholique, rien n'a été fait pour éloigner les mineurs mis en cause.
Maître Franck-Olivier Ardouinavocat de la famille de Céleste
La famille veut que soient mis au jour les dysfonctionnements au sein du collège et de l'institution. Maître Franck-Olivier Ardouin insiste sur le fait que "dans le collège, rien n'a été fait pour éloigner les trois jeunes garçons mis en cause. Nous avons appris après coup que cela durait depuis un an. Entre-temps, cela s'était un peu calmé puis le harcèlement reprenait. Céleste avait le sentiment, l'impression qu'elle ne s'en sortirait pas."
La famille, désemparée, espère qu'un procès mettra en lumière les enjeux liés à la lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement scolaires.