Une formation d'un mois se termine à Lorient pour les juges et magistrats chargés de la lutte contre la piraterie qui mine la Somalie. Selon eux, la coopération avec la NavFor doit se prolonger à terre, où vivent de véritables seigneurs de guerre.
La formation de ces magistrats et des représentants des différentes fédérations de la Somalie se termine à Lorient où se trouvent les forces spéciales qui interviennent sur les actes de piraterie, ainsi que la base de Lann Bihoué pour la collecte de preuves et de renseignements. Mais vu de Somalie, les escortes de navires et les attaques en mer, en baisse en 2012, ne sont pas perçues de la même manière. Selon Tahlil Haji, ancien juge, ancien avocat et conseiller juridique du Programme de Développement des Nations Unies, la coopération ne doit pas s'arrêter à ce qui se passe en mer.
Nous devenons exportateurs de terrorisme
"La piraterie ne naît pas en mer" explique-t-il, "elle commence à terre, avec des seigneurs de guerre, qui construisent et louent des maisons, achètent et vendent aux populations locales". Une économie parallèle puissante, puisque selon lui la richesse des pirates peut atteindre 10 fois le budget d'un Etat comme le Puntland. "Ils alternent entre une vingtaine de bases arrières" explique-t-ils, et de là favorisent également le trafic d'armes ou la pêche illégale, "enrôlant de force des pêcheurs".
La Somalie est blessée dans sa culture, assez conservatrice, entravée dans son développement par la piraterie explique Tahlil Haji, mais "devient également exportatrice de terrorisme et de piraterie". Il appelle à un cadre de coopération plus fort entre la France et la Somalie, et à l'utilisation de la NavFor pour des opérations à terre également.