Les choucas des tours, espèce protégée, occasionnent d'importants dégâts dans les cultures en Bretagne. Depuis le début de l'année, 330 signalements ont été réalisés par des agriculteurs, notamment dans le Morbihan, un secteur particulièrement impacté cette année par l'appétit des oiseaux.
"Il n'y a plus rien" se désolent Gwenaël et Jean-Pierre Luel. Sur leur parcelle de 11 hectares située à Questembert (Morbihan), les deux frères bretons auraient dû récolter des petits-pois. Mais les choucas des tours, oiseaux de la famille des corbeaux, sont venus se nourrir massivement dans leurs champs.
Résultat : aucune récolte cette année pour les agriculteurs.
Il nous restait à peu près 20% de la culture. On n'a pas pu récolter parce que par rapport au volume, ça aurait coûté trop cher de passer la machine
Jean-Pierre Luel, agriculteur à Questembert
Pour les frères producteurs de petits-pois, le préjudice subi s'élève à près de 30 000 euros. Dans le Morbihan, déjà 80 signalements ont été réalisés par les agriculteurs pour près de 300 000 euros de dégâts estimés.
Pour le moment, il n'existe aucune solution d'indemnisation pour ce type de dommages.
Une espèce protégée
Le choucas des tours est une espèce protégée. "L'État a protégé cette espèce donc l'État doit prendre ses responsabilités. Soit, ils indemnisent ces dégâts-là, soit ils trouvent d'autres solutions" lance Gwenaël Le Luel.
Le corvidé fait souvent l'objet d'arrêtés préfectoraux autorisant son élimination.
Dans le Morbihan, des opérations de prélèvement dérogatoires ont été menées cette année. 971 choucas ont déjà été tués, sur les 1500 autorisés.
Des substances répulsives et des mesures d'engrillagement ?
Mais la préfecture réfléchit à mettre en place d'autres mesures pour limiter son expansion dans le département.
"De leur côté, les agriculteurs travaillent à des solutions agronomiques, soit en ajoutant des substances répulsives, soit en ayant des pratiques de culture différentes" confesse Mathieu Escafre, directeur départemental des Territoires et de la Mer du Morbihan, qui ajoute que ces mesures "ne donnent pas entière satisfaction aujourd'hui".
Pour limiter la possibilité de reproduction de l'espèce, Mathieu Escafre explique qu'une autre option possible est de "pousser les collectivités ou même les particuliers à faire de l'engrillagement dans les endroits où les choucas s'installent, donc dans les cheminées ou les zones creuses pour empêcher leur nidification".
Selon une étude, il y aurait près de 9 000 couples de choucas dans le Morbihan, sans compter les populations de juvéniles.
(Avec Yoann Etienne et Stéphane Izad)