L'accident survenu mardi au large de Lorient (Morbihan), en marge du départ de la 9e étape de la Volvo Ocean Race, illustre la difficulté à faire cohabiter sur un même plan d'eau des maxi-multicoques et des embarcations plus lentes. Une femme a été grièvement blessée lors d'une collision.
Dans l'accident qui s'est produit ce mardi, une femme a été grièvement blessée aux jambes lors de la collision entre le trimaran Spindrift 2 (40 m de long), qui ne participe pas à la Volvo Ocean Race, et un bateau de l'organisation de course à bord duquel se trouvaient quatre personnes venues assister au départ de la course.Le récit de l'accident
Un photographe de l'AFP, Jean-Sébastien Evrard, se trouvait à bord d'une vedette de presse et a assisté au choc. Il raconte: "Spindrift 2 se dirigeait vers la ligne de départ et la côte, en limite de zone d'exclusion. Le bateau a viré sur babord (gauche) presque à l'arrêt et a ensuite filé vers le large en direction d'un groupe d'embarcations de l'organisation: deux semi-rigides et une vedette". "J'ai alors demandé au pilote de la vedette photo de se préparer à dégager car la manoeuvre du trimaran me semblait dangereuse avant même d'avoir commencé: trop de monde sur l'eau et un bateau hors normes, qui manoeuvre difficilement"."De fait, en prenant rapidement de la vitesse, il est arrivé droit sur un semi-rigide en quelques secondes. Ce dernier était à l'arrêt. S'il avançait, il passait sous Spindrift 2. Le pilote était tétanisé, comme nous tous à bord de la vedette photo". "Le safran (gouvernail) du trimaran a touché l'un des boudins du semi-rigide et une femme a été projetée à l'eau sous la violence du choc, tandis qu'une autre personne sautait juste avant l'impact. Le choc a été violent, avec un bruit très sec, une sorte de tac".
"Notre vedette photo a foncé sur zone mais deux équipes de sauveteurs sont arrivées très rapidement. C'est là que j'ai remarqué le sang à la surface de l'eau tout autour de la victime et du semi-rigide. Les gilets de sauvetage automatiques se sont bien déclenchés et tout le monde a été rapatrié à bord des différents navires de sauvetage".
"Pendant que Spindrift était à l'arrêt non loin de la zone d'accident, les premiers secours étaient prodigués à bord d'un bateau de la SNSM. Ensuite, un hélicoptère Dragon a hélitreuillé la victime, au bout d'environ 20 minutes".
Le cauchemar des organisateurs
Cet accident, bien que rarissime, est le cauchemar des organisateurs de course de voile. Les multicoques actuels sont capables d'atteindre des vitesses inouïes (45 noeuds (plus de 80 km/h) pour les plus rapides, et surtout d'accélérer très fort. Les gens qui assistent aux départs de course, même amateurs éclairés, ne réalisent absolument pas les dangers auxquels ils s'exposent en approchant ces voiliers.Difficiles à arrêter
Une fois lancés, ces bateaux sont en effet très difficiles à arrêter et il leur faut beaucoup d'eau libre pour manoeuvrer et éviter d'éventuels obstacles. Le barreur, placé à la hauteur de la poutre arrière, loin des étraves, ne bénéficie pas non plus d'une très bonne visibilité.Il y avait beaucoup de bateaux mardi après-midi au large de Lorient. Le trimaran a-t-il pris des risques en évoluant si près d'eux ? Une enquête a été ouverte par la gendarmerie maritime.
Coopération pleine de Spindrift
Dans un communiqué ce mercredi soir, Yann Guichard, skipper de Spindrift 2, déclare : "Nous sommes avant tout préoccupés par l’état de santé de la victime. Toutes nos pensées vont vers elle et sa famille. L’équipe est profondément affectée par cet accident et naturellement, nous coopérons pleinement aux investigations en cours.