Le TGI de Lorient examinait ce jeudi une affaire de braconnage en haute mer d'une ampleur inédite. En août dernier, un palangrier portugais était intercepté avec 50 tonnes de poisson. Du thon rouge pêché illégalement. La défense du capitaine : il a déclaré ne pas savoir reconnaître les thons rouges.
L'affaire remonte au 18 août dernier. Le patrouilleur des affaires maritimes Iris interceptait dans le golfe de Gascogne un palangrier portugais. Dans sa cargaison : 319 thons rouges, 153 espadons pour la moitié juvéniles, 46 requins taupes communs... tous interdits à la pêche.
Montant total du butin : 50 tonnes de poisson, un véritable pillage réalisé par l'équipage du Vila-do-Infante. Pour punir leur geste, comités des pêches, associations et syndicats se sont mobilisés pour le traduire en justice.
Ce jeudi 21 décembre, le Tribunal de grande instance de Lorient se penchait donc sur l'affaire. Un dossier épineux, en partie à cause de la défense discutable du capitaine. Celui-ci a déclaré aux enquêteurs ne pas savoir reconnaître les thons rouges. Il encourt une amende de 22 500 euros.
Même son de cloches de la part du représentant de l'armateur, seul présent à l'audience ce jeudi. Il a également plaidé l'ignorance jusqu'à l'absurde. Il risque pour sa part une amende de 112 500 euros.
Des peines importantes mais peu dissuasives
Des peines peu dissuasives bien que maximales, à cause d'une législation datée. C'est ce qu'explique Maître Martine Camus, avocate du Comité régional des pêches de Bretagne :
"Nos peines prévues au code sont anciennes, elles datent de 25 ans. La peine d'amende de 22 500 euros ne représente pas grand chose, par rapport au profit qu'en tirent les armateurs".
Outre ce braconnage, le palangrier portugais déclarait de fausses localisations de pêche et sous-déclarait ses prises. Les enquêteurs soupçonnent que le produit de cette pêche n'était pas destiné au marché européen classique, mais réservé à l'Estonie.
Le tribunal rendra son délibéré le 18 janvier 2018.
► Revoir le compte-rendu d'Eric Proença-Pina et Philippe Beaugey :