Il n’a pas les pieds dans l’eau et semble veiller sur la petite ville de Riantec. Pourtant, c’est bien les marins qui ont suivi son éclat pendant 75 ans. Aujourd’hui, il offre un panorama à couper le souffle pour ceux qui ont le privilège de passer une nuit à 25 m de haut.


Quand il lève les yeux vers le phare, Daniel Jégat a toujours une lueur d’émerveillement dans le regard. Probablement la même que celle qu’il a eu la première fois quand il l’a vu. C’était en 2003. Il avait lu dans le journal que le phare était à vendre. Un phare à vendre… Une opportunité bien rare qui a attisé la curiosité de ce patron d’une entreprise de bâtiment qui s’est alors pris au jeu. Il a participé aux enchères à la bougie en se fixant un montant qu’il ne voulait pas dépasser. 300 000 euros maximum s’était-il dit… Et finalement les enchères n’ont pas atteint cette somme.
 

Je ne pensais pas du tout pouvoir acquérir ce phare là, mais quand c’est adjugé vendu pour vous, y’a du piquant, ça y’est, on en est propriétaire mais qu’est-ce qu’on va en faire ? 


Un défi technique

Après avoir rénové la maison du gardien pour en faire un gîte, Daniel Jégat regrettait que ses locataires ne puissent pas profiter tellement de la vue, depuis la tour à feu du phare. "La haut, il y a toujours du vent, on pouvait rester quelques minutes, pas beaucoup plus" raconte-t-il. Il se lance alors finalement dans un projet bien plus ambitieux : transformer également en gîte le sommet du phare, pour jouir davantage du panorama. Un véritable défi technique ! "L’ancienne tour à feu, on l’a descendue, on l’a coupée à la base, elle pesait 6 tonnes100, elle est en béton. On a pris une grosse grue pour la descendre. On a pris la verrière et avec la même grue, on l’a mis en place. Il a fallu pousser un petit peu sur un poteau ou deux, mais ça s’est bien passé".
 

"Y’a eu un moment de tension ?" Celle qui pose cette question, c’est la nouvelle propriétaire Valérie Bergeron. Cette bretonne des environs a acquis les lieux en septembre 2018, après un vrai coup de cœur. Et c’est toujours avec beaucoup de plaisir qu’elle grimpe au sommet du phare. 126 marches à gravir, l’équivalent de sept étages.
 

"L’astuce, c’est ce plancher qui descend le long de la vis sans fin et vient s’encastrer, il fallait de la place pour dormir, l’escalier prenait toute la place et on aurait jamais pu faire autrement" nous explique-t-elle en actionnant un interrupteur qui déclenche la descente de ce disque de bois.
 


Une vue panoramique à couper le souffle

En quelques minutes, l’escalier est recouvert et le studio se découvre. Une vingtaine de mètres carrés, un coin cuisine, un salle d’eau, un clic clac pour le couchage… mais surtout à 360 ° une vue à couper le souffle. Au premier plan la petite mer de Gâvres, mais aussi Lorient et la base sous marine d’un côté, Quiberon de l’autre, Groix et Belle île à portée de vue.
 

"La lumière des marins"

Un paysage dont a profité pendant 47 ans Honorine Le Guen, l’âme des lieux de 1925 à 1972, la première femme gardienne de phare à la vapeur de pétrole avant l’électrification en 1932. Dans un document de 1983, conservé par l’Ina, cette femme au regard vif et à la coiffe impeccable, se rappelle de la féérie de cette vue l’hiver sous la neige… Elle n’oublie pas non plus l’importance de son travail à l’époque. "C’était une responsabilité importante, la sauvegarde des vies d’hommes. On m’appelait la lumière du pays c’était plutôt la lumière des marins que la lumière du pays" plaisante-t-elle.
 
Une lumière reflétée par les lentilles de Fresnel qui lui demandaient tant de travail… Aujourd’hui, c’est Lysiane Muin, la gouvernante du phare, qui à son tour prend soin des lieux chaque jour. En 12 ans, elle a accueilli des milliers de locataires dans cet hébergement insolite, souvent choisi pour célébrer des moments uniques, des anniversaires, des demandes en mariages comme en témoigne le livre d’or. "Elle a dit oui" peut-on lire sur une de ces pages.

Ce cadeau d’exception a néanmoins un coût : 650 euros la nuit… avec la piscine et même le sauna, installé dans l’ancienne tour à feu. Malgré tout, le planning de réservations est complet plusieurs mois à l’avance. Le phare séduit. "Ça reste dans l’inconscient collectif, quelque chose qui sauve dans la nuit et la fascination vient de là. Il y a des personnes dont c’est le rêve depuis l’enfance de vivre dans un phare une nuit, et ils arrivent là avec des yeux d’enfant" conclut la propriétaire.
 
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