Tanit : la colère de Chloé Lemaçon à la barre

La femme de Florent Lemaçon, le skipper du Tanit décédé d'une balle française, est "en colère" contre ceux qui ont donné "le feu vert" de l'assaut contre les pirates Somaliens.

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Chloé Lemaçon vit aujourd'hui à Madagascar, "pour poursuivre le rêve". Elle a ouvert un éco-gîte, monté une association. Mais n'a rien perdu de sa rancoeur envers les militaires, ou envers ceux qui leur donnent des ordres.

"Tanit c'était notre vie", témoigne-t-elle ce jeudi avec des tremblements dans la voix. Une vie dont il fallait profiter "tant qu'on était jeunes, ne sachant pas ce que la vie nous réserve". Après deux ans de remise en état, de préparation, d'effort financier, la Tanit a pris la mer de Vannes pour un long voyage pour l'Océan Indien. Évitant les Caraïbes où Florent Lemaçon avait entendu des histoires de pirateries, en évitant l'Afrique pour des raisons de sécurité également. Ce sera donc la Méditerranée et le canal de Suez.

"Nous sommes plongés dans le sujet de la piraterie depuis 2007, toujours à l'affût des recommandations militaires" témoigne Chloé Lemaçon. L'équipage a pris en compte l'assaut du Ponant, les recommandations de l'armée et avec le témoignage de marins connaisseurs de la zone. Il prit la décision de passer bien au large des côtes africaines. Et c'est le 3 avril 2009, après avoir débordé la corne de l'Afrique et alors que l'équipage pensait être sorti de la zone à risque de l'époque, que le voyage prend une autre tournure.

C'est pour nous !!!!


Le samedi 4 avril au matin, Chloé Lemaçon est à la barre. Florent et Steven, les équipiers, sont sur le pont, Florent le skipper se repose à l'intérieur. Quand elle voit "ces jeunes hommes" arriver, il est trop tard pour faire quoi que ce soit. "J'ai juste le temps de dire à mon mari +un bateau arrive, c'est pour nous+" témoigne Chloé Lemaçon.

Les cinq pirates sont armés chacun d'une kalachnikoff, ils tirent en l'air. Ils ont avec eux en tout et pour tout un téléphone satellite, un GPS et quelques munitions dans un petit sac en plastique. "Les débuts sont violents verbalement, ils sont très énervés, très tendus". Direction la Somalie, où des négociations, à terre, pourront avoir lieu.

La frégate nous mettait en danger 


Tanit, alors à quelques 500 miles des côtes, navigue vers l'ouest plusieurs jours. "La vie prend son rythme, ils se lavent, on leur donne des vêtements, on discute" explique Chloé Lemaçon, qui ne témoigne "ni pour accuser ni pour défendre" ses ravisseurs. Jusqu'à ce qu'une frégate française arrive à proximité. L'équipage a toujours refusé une intervention militaire dans un cas semblable. Chloé Lemaçon réitère: "cette présence militaire est bien plus angoissante que la présence des pirates." Les pirates Somaliens deviennent de plus en plus nerveux, passent plus de temps à l'intérieur.

Lorsque survient un tir de sommation sur le mât pour faire affaler la grand-voile, Chloé Lemaçon est aux côtés de Kadjé, l'un des pirates décédé, alors armé d'une kalachnikov. "Nous allons tous y passer" pense-t-elle, "cette violence nous a clairement mis en danger". Deux des pirates, qu'elle appelle par des surnoms, déposent leurs armes ostensiblement et rentrent dans une cabine. Kadjé pointe le canon de son arme sur son front faisant mine de se suicider, "avec Florent nous essayons de le raisonner". L'arrivée d'un négociateur "sera une parenthèse",  il propose l'échange de Chloé et de son fils, offre un pneumatique et un peu d'argent, "ce qui encore une fois nous met en danger" car cette proposition est irréaliste.

Un assaut de quelques secondes


La nuit survient. La frégate s'éloigne. Sur Tanit, on ne dort pas pour autant. C'est "la pétole", le voilier avance à trois noeuds, sans voile, sans moteur, et pour autant la côte s'approche au grand soulagement des pirates.

Le matin l'équipage est à l'intérieur. Chloé Lemaçon et son fils sont dans leur cabine. Florent est à leur côté. Par le hublot ils aperçoivent les militaires. Il se penche par le hublot en criant "à l'avant, à l'avant, putain à l'avant". Et il tombe sur sa femme. Mort. L'assaut durera "quelques secondes" au terme desquelles Chloé Lemaçon et son fils se retrouvent sur la Frégate Laconit. Deux des pirates sont tués. La suite, pour Chloé Lemaçon, sera la recherche d'une explication.

Son témoignage ce jeudi aura pour but de prouver l'erreur des commandos, surtout de leurs chefs qui ont donné l'ordre de l'assaut. "Ma colère est beaucoup plus tournée vers le pouvoir que vers les exécutants" explique-t-elle. Une rancoeur également contre "les manipulation de l'armée", comme ces articles dénonçant leur inconscience de naviguer dans ses eaux. Des articles, inspirés selon elle, des textos du ministre de la Défense, Hervé Morin. Il sera entendu ce mercredi par la cour d'Assises d'Ille-et-Vilaine.


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