Vendée Globe. Bateau volant ou à dérive, Thomas Ruyant et Eric Bellion croisent leur vision de cette aventure autour du monde

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Pour avoir un bateau à foil (en haut de l'image) sur le Vendée Globe, le budget est beaucoup plus élevé et souvent réservé aux marins favoris comme Thomas Ruyant. Le choix peut aussi être philosophique comme c'est le cas d'Eric Bellion qui ne s'imagine pas faire un tour du monde sur un bateau à foil et qui reste donc sur un Imoca ancienne génération (en bas de l'image).
Thomas Ruyant et Eric Bellion seront tous les deux au départ du Vendée Globe avec des bateaux neufs mais très différents. Chacun argumente son choix. Réalisation Christophe Duchiron ©France Télévisions-Bleu Iroise

Thomas Ruyant et Eric Bellion s'apprêtent à prendre le départ du prochain Vendée Globe le 10 novembre 2024. S'ils ont déjà participé tous les deux à la course, leurs projets pour cette 10ᵉ édition sont bien différents. Entre compétition, réflexion et contemplation, ils se préparent chacun à leur façon. Deux mondes pour un seul Vendée Globe raconté avec philosophie et humour dans le documentaire "Les longues routes du Vendée Globe".

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D’un côté, Thomas Ruyant, discret, talentueux, un marin qui en dit peu, mais dont les performances laissent à penser qu’il pourrait aller très loin et très vite dans ce Vendée Globe.

De l’autre, Eric Bellion, à l’aise en société, à l’aise pour raconter ses rêves, ses souffrances… et sa joie de retourner sur cette course qui l’a tant fait grandir. C’était en 2016 lors de sa 1ʳᵉ participation au Vendée Globe.

Tous deux sont donc les héros de notre histoire, intitulé « Les longues routes du Vendée Globe » à retrouver dans son intégralité sur la plateforme France.tv

Le titre de ce documentaire Littoral fait référence au célèbre ouvrage de Bernard Moitessier « La longue route » qui a inspiré bien des marins de cette génération. Adolescent, Eric Bellion a lu et relu l'ouvrage : 

C'est un livre qui m'a montré qu'on pouvait vivre sur la mer la plus grande des aventures et ce qui m'a fait rêver, c'est le rapport fusionnel, charnel de l'homme avec son bateau. J'adhère complétement à cette pensée de Moitessier.  

Eric Bellion

skipper

"Je t'aime mon bateau"

En 1968, Bernard Moitessier s'aventure à la voile, en course, autour du monde, sans escale. Il est l'un des pionniers de la conquête des mers. 

De sa passion pour Moitessier, Eric Bellion a tiré sur le fil du lien et de la symbiose qu'il recherche avec son voilier, capable de crier en pleine mer, seul au monde, un "Je t'aime mon bateau" mémorable lors de la fin de son Vendée Globe en 2016. 

Beaucoup plus dans la retenue et avec un rapport très différent à la "machine", Thomas Ruyant n'en demeure pas moins très attentif à ce que son bateau subit. Il faut le voir sur la scène d'un grand théâtre, un casque audio sur la tête, le visage crispé en écoutant un souvenir sonore de son Vendée Globe 2020 :  

Thomas Ruyant et Eric Bellion seront tous les deux au départ du Vendée Globe avec des bateaux neufs mais très différents. Chacun argumente son choix. Réalisation Christophe Duchiron ©France Télévisions-Bleu Iroise

Une course dans laquelle l'on se fait mal 

Thomas Ruyant et Eric Bellion sont  « Marin d’une même course, le Vendée Globe, et pourtant ils n’appartiennent pas tout à fait au même monde…question de moyens financiers, d’ambition, question d’architecture de bateau, de trajectoire personnels, question de philosophie »

Voici les mots d’introduction de notre film qui résument parfaitement la situation :

Thomas Ruyant dispose d’un bateau neuf armé de foil, ces grandes moustaches accolées à la coque qui permettent de faire voler le bateau.

Il part la rage au ventre avec l’intention de remporter la course. Il sait que ça va être dur, très dur…Il le sait, car il a déjà participé deux fois au Vendée Globe et que certaines choses ne s’oublient pas. 

Le réalisateur Christophe Duchiron a le sens de la formule pour décrire les épreuves que vont affronter nos héros des mers : 

« Le Vendée Globe, c’est éprouvant depuis tout le temps, mais plus encore depuis l’apparition des bateaux à foil au sifflement infernal. Alors, des skippers qui fument la pipe ou grillent des clopes, on en voit de moins en moins. Ils ont maintenant des cerveaux d’ingénieurs et des corps d’athlètes ; On le comprend. »

Thomas Ruyant complète le propros :

On est obligé de passer par cette dureté. Mais c'est aussi la compétition qui m'anime. Je veux bien me faire mal, mais je n'irai pas s'il n'y avait pas cette confrontation.

Thomas Ruyant

skipper

Eric Bellion, à qui l'on accole assez facilement l'image d'un marin dans la contemplation, embarque sur un bateau sans foil. Un choix qu'il assume : 

"Mon bateau est décalé et je l'assume pleinement. Aujourd'hui, il y a une pensée unique, il faut un bateau à foil et tout le monde va là-dedans. Je ne me sens pas du tout de faire un tour du monde avec ce type de bateau. J'attends de vivre une expérience extraordinaire, en harmonie avec la mer et mon bateau, aller le plus loin possible."

Foil ou pas foil  

Malgré ces différences de projets et de conception de la course, Eric Bellion et Thomas Ruyant s'apprécient. Ils ont tous les deux rendez-vous une nouvelle fois avec le Vendée Globe, mais avant cela, le réalisateur va provoquer une rencontre, en terrain neutre, à égale distance entre Lorient et Port La Forêt. 

Le temps d'une après-midi au coin du feu, ils vont débattre tous les deux du "avec ou sans foil", mais pas que... Bien au-delà de l'aspect technique que l'on associe à cette question, Thomas Ruyant et Eric Bellion défendent leur position tout en respectant sincèrement le projet de l'autre.

Ils ont aussi en commun le choix d'avoir conçu un bateau à cockpit ouvert, contrairement à d'autres concurrents, pour garder une ouverture vers le monde, continuer à voir "les albatros, les étoiles et le sillage de son bateau". 

 

Retrouver le documentaire Littoral "Les longues routes du Vendée Globe", réalisation Christophe Duchiron, co-production Bleu Iroise, dès maintenant sur France.tv

 

 

 

 

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