Il est le doyen des cafetiers de Bretagne, syndiqué à l'Umih. A 84 ans, René Morvan n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. Son bistrot à Lorient, "son bar de copain", c'est ce qui le rend heureux.
René Morvan commence toujours sa journée vers 9 h. Une petite matinée de répit avant de passer derrière le comptoir, à midi. Et jusqu'à 22 h, "non-stop." À peine le temps d'avaler "un petit casse-croûte."
Le rythme est soutenu, mais à l'aube de sa 84e année, le bistrotier lorientais est un infatigable qui fuit toute forme d'ennui. "Je ne pourrais pas rester à la maison avec ma chérie et m’emmerder", s'esclaffe René Morvan.
Un bar de copains
Ses journées sont à l'image d'une vie bien remplie. Meilleur apprenti de la Sarthe à 15 ans, René Morvan file ensuite à Paris, comme commis de cuisine. Après un passage à Cabourg, puis un retour dans la capitale, le cuisinier s'installe en Bretagne et ouvre des restaurants à Pontivy, Quimperlé et Lorient.
En retraite, bien méritée, il se consacre maintenant à son bistrot. Ouvert il y a 23 ans, le Charly's bar est un lieu animé, qui détonne par son bleu vif avec les immeubles blanchâtres de Kerentech.
Dans le quartier, c'est un pilier. Et on ne vient pas "chez René" seulement pour boire un verre.
"C'est familial. Et puis on vient pour sa gentillesse, sa simplicité. C'est sa nature, il attire les gens", sourit Jean-Pierre, un habitué. "Il y a de la chaleur humaine, de la convivialité, du contact", complète Gilles, attablé à côté.
Le contact, c'est ce que préfère René Morvan. Il connaît le prénom de tous ses clients. D'ailleurs chez lui, il n'y a pas de clients, "c'est un bar de copains".
Indétrônable
Et s'il admet que parfois, "ça tire un peu", René n'est pas près de renoncer à son quotidien de cafetier. "Je me sens bien dans mon petit bar de quartier où il y a toujours plein de monde. C’est ma vie".
"Si on lui enlevait son travail, il déprimerait parce qu’il y aurait un manque de ses clients, de ses copains, de l’amusement qui est quotidien ici. C’est son truc ! Il est heureux", se réjouit son épouse Ghislaine Morvan.
Celle que tout le monde appelle Gigi seconde son mari à la comptabilité et derrière le comptoir, mais René Morvan aime être "le maître à bord". Jusqu'au bout, il est indétrônable.
"Il m’a dit un jour « c’est là que je veux partir, derrière mon comptoir »", confie Ghislaine Morvan. "En espérant qu’il puisse encore fêter de nombreux anniversaires ici, parce que malgré tout, il a la forme."
Ses 84 bougies, il les soufflera en tout cas samedi 26 novembre au Charly's bar, avec Gigi, tous ses copains, le maire de Lorient et, il l'espère, Jean-Yves Le Drian.