Sur les pontons de Lorient, où Kevin Escoffier est basé, les conversations vont bon train. Les violences sexuelles présumées faites par le skipper ne surprennent pas tout le monde. Son attitude vis à vis des femmes était connue. La voile, comme le reste de la société, "a du retard et doit évoluer". Comme le montre les témoignages de victimes dans le canard enchainé de cette semaine.
"Même si je ne côtoie pas Kévin Escoffier, comme tout le monde, j’avais entendu parler de son attitude vis-à-vis des femmes." Cette femme qui travaille dans le milieu de la course au large n'est pas surprise par l'affaire qui touche le célèbre skipper et dont la justice française a été saisie.
Les violences sexuelles présumées de Kevin Escoffier n'ont pas pris tout le monde de court. Sur les pontons de la base à Lorient, où le navigateur est basé, les conversations vont bon train. Notamment autour des témoignages de trois femmes et un homme par nos confrères du Canard Enchainé.
Agression sexuelle dans un restaurant de Lorient
"Les trois femmes racontent des comportements inappropriés de Kevin Escoffier à leur égard, développent sur notre antenne les journalistes du canard enchaîné, Jean-Louis Touzet et Anne Jouan. Notamment des envois multiples de vidéos et photos pornographiques. Une navigatrice raconte ce qui s'apparenterait à un cas d'agression sexuelle dans un restaurant de Lorient en 2018".
"Ce ne sont pas de simples témoignages, ils ont eu le courage de faire des attestations judiciaires, précise Anne Jouan. Ce sont des témoignages qui vous engagent car vous communiquez votre carte d'identité et vous certifiez sur l'honneur d'accepter d'être interrogé par la justice si celle-ci en fait la demande."
Pourquoi cette omerta dans le monde de la Voile jusqu'ici ? "C'est un micromilieu, explique Jean-Louis Touzet. Ils habitent tous à Lorient, ils côtoient les mêmes gens, vont dans les mêmes lieux, ont parfois le même employeur." Et de préciser que "si certains sont tombés de leur chaise, d'autres n'étaient pas du tout surpris".
"Des comportements marginaux"
Une skippeuse anonyme se veut quand même rassurante : "Ce sont aujourd’hui des comportements très marginaux. Ça n’existe pas du tout dans la jeune génération." Les choses ont bien évolué depuis 25 ans qu’elle travaille dans le milieu. À l’époque, c’était plus courant, explique-t-elle. "Je n’ai pas été victime de comportements déplacés de Kevin Escoffier et je n’y ai jamais assisté. Je n’ai donc pas de commentaire à faire sur cette affaire."
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La navigatrice Isabelle Joshke, qui connaît Kevin Escoffier comme concurrent, n’était, elle, pas du tout au courant de son attitude. "Mais, commente-t-elle, les rapports dans la voile sont à l’image de ceux dans la société. Ça va mieux qu’avant, mais il y a encore du retard. Et entre l’affaire Clarisse Crémer et ce qui se passe aujourd’hui, on est loin de garantir les conditions pour que les femmes se sentent à l’aise dans le milieu de la voile. Il y a encore beaucoup de choses à faire évoluer."