Belle-Île organise trois semaines de commémorations à la suite des 20 ans du naufrage de l'Erika. Les habitants ont ouvert leurs archives personnelles. Dans les mémoires l'événement reste bien ancré.
Il y a 20 ans, le 12 décembre 1999, le pétrolier L'Erika sombre au large des côtes bretonnes et son chargement de 20 000 tonnes vient s'étaler sur les plages. Belle-Île est la première île touchée le 24 décembre. Plus de 7000 oiseaux trouveront la mort.
Un chapitre qui n'est pas clos
A compter de ce 16 décembre et pendant trois semaines, l'île va se souvenir. La mairie et un groupe de citoyens ont préparé des expositions, des événements, des débats. Un travail pédagogique a été mené avec les deux écoles. Tibault Grollemund, premier adjoint relève l'importance de ces moments à venir : "C'est un chapitre qui n'est pas clos, bien au contraire. À l'époque on a dépollué et après on a arrêté d'en parler. Ici ceux qui l'ont vécu se souviennent exactement de ce qu'ils faisaient au moment d'apprendre la nouvelle."
Lui-même a 15 ans lorsque la marée noire touche Belle-Île. "C'est un petit monde qui s'effondre. On n'y croit pas. Je me disais qu'il y aurait des petites galettes. Et en me rapprochant des plages, l'odeur m'a saisie. Mon petit coin de paradis se retrouvait souillé." Comme beaucoup d'îliens, il ira nettoyer. "On construisait des digues de fortune" se souvient-il.
800 oiseaux par jour
Evelyne habite l'île depuis 33 ans. "Je me souviens parfaitement de tout. J'étais bénévole à la Maison de la Nature. C'était vers nous que les gens se tournaient quand les oiseaux mazoutés arrivaient." Elle se rappelle de la spontanéité des gens, lesquels se sont très vite mobilisés. Elle ajoute : "au début on nous a dit que le pétrole n'arriverait pas, c'était la version officielle."
"Dans le couloir de la Maison de la Nature, il y avait des empilements de cartons avec des oiseaux dedans. Chacun était unique on avait envie de les sauver mais au final il y en a eu si peu.", regrette-t-elle. Elle a retrouvé récemment le journal que l'association éditait à l'époque : "Pour les journées, du 25, 26 et 27 décembre, il est noté que nous recevions 800 oiseaux par jour !"
Un beau souvenir lui reste malgré tout, celui du relâchement d'une trentaine d'oiseau, au mois de mars suivant la catastrophe. "C'était un bonheur" sourit-elle.
Les commémorations de Belle-Île se déroulent jusqu'au 4 janvier prochain.