Le gouvernement américain a donné vendredi son feu vert à une possible vente à la Grèce de quatre frégates, entrant en concurrence directe avec la France. Le ministère des Armées affirme ce samedi que l'accord sur la construction des frégates à Lorient a déjà été paraphé.
Alors que le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont conclu fin septembre un accord pour la fourniture à la Grèce de trois frégates de défense et d'intervention pour quelques 3 milliards d'euros, le
département d'Etat américain a annoncé vendredi, dans un communiqué, avoir préapprouvé un projet de vente à Athènes de quatre frégates de combat et leur équipement, d'une valeur de 6,9 milliards de dollars.
Le communiqué précise que le contrat, dans les deux cas, "sera accordé au gagnant d'un appel d'offres international" portant sur la modernisation de la marine grecque.
Le contrat avec les Grecs déjà paraphé, selon le ministère des Armées
L'accord pour la vente de trois frégates françaises à la Grèce "vient d'être signé",
a annoncé samedi le ministère français des Armées, jugeant caduque l'offre concurrente présentée par les Etats-Unis.
"Depuis qu'on est en discussion avec les Grecs, l'offre américaine n'est plus
sur la table. Par ailleurs on a signé le contrat avec les Grecs. Il a été paraphé
il y a quelques jours", a déclaré le ministère des Armées à l'AFP.
Le site de Lorient potentiellement impacté
Selon l'accord franco-grec, annoncé en grande pompe le 28 septembre à Paris, trois frégates de défense et d'intervention (baptisées Belharra à l'export) doivent être construites en France par Naval Group, à Lorient (Morbihan), pour être livrées à la marine grecque en 2025 et 2026.
L'accord préalable porte également sur une quatrième frégate en option. Le contrat
doit être signé "d'ici la fin de l'année", avait alors précisé le ministère français
des Armées.
Outre les navires, il comprend la fourniture par le fabricant de missiles MBDA
de leurs armements (missiles antiaériens Aster, antinavires Exocet et des torpilles)
et des prestations de soutien sur trois ans.
Nouvelle crise diplomatique entre la France et les Etats-Unis ?
Moins de trois mois après l'accord conclu entre les Etats-Unis, l'Australie et
le Royaume-Uni qui avait torpillé un méga-contrat de sous-marins français à la
marine australienne, provoquant une crise diplomatique sans précédent entre Washington et Paris, l'administration de Joe Biden tente ainsi à nouveau de souffler un juteux contrat de défense à la France.
En septembre, les Etats-Unis avaient annoncé un partenariat de sécurité dans la
zone indo-pacifique avec l'Australie et le Royaume-Uni, comprenant notamment la
livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à Canberra. L'Australie avait donc
rompu un gigantesque contrat signé avec la France pour la livraison de sous-marins conventionnels, provoquant la colère de Paris.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait dénoncé un "coup dans le dos", comparant la méthode de Joe Biden "à ce que
faisait" son prédécesseur Donald Trump -- un affront pour le président démocrate
soucieux de se démarquer du milliardaire républicain.
La France avait rappelé ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie, et M.
Biden avait admis que les Etats-Unis auraient pu mieux communiquer avec leur allié de longue date.
Fin octobre à Rome, M. Biden avait tenté de tourner la page des sous-marins australiens lors d'une rencontre de réconciliation avec le président français Emmanuel Macron. Les deux chefs d'Etat avaient annoncé leur intention de lancer "un dialogue stratégique en matière de commerce militaire", notamment sur les autorisations d'exportations.