Cinq jours après le crash d'un avion de chasse F16 survenu le 19 septembre à Pluvigner (56), les propriétaires de la maison sur laquelle l'appareil a fini sa course sont retournés sur les lieux de l'accident encore gardés par des militaires. Témoignage.
C'est un tas de ruines.
Ce mardi, c'est la troisième fois depuis l'accident que le couple de retraités, propriétaire depuis 2003 de la maison dans laquelle l'avion de chasse belge a terminé sa course, se rend sur les lieux du crash à Pluvigner (Morbihan).
Depuis le 19 septembre, un périmètre de sécurité est établi autour de la demeure, gardé par des gendarmes et occupé par des militaires français et belges. "Notre propriété est devenue un terrain militaire. Il nous faut une autorisation pour y accéder".
A l'intérieur du périmètre, les pièces de l'avion ont été enlevées. Restent des débris à prélever méthodiquement pour les besoins de l'enquête. "Un boulot de cinglé", confie le propriétaire devenu spectateur. "Il y a encore plein de débris métalliques et de carbone sans parler des traces de kérosène et d'huile" [...] Ça sent encore très fort."
Cinq à six mois de travaux
Les images montrent une maison dont le toit et le premier étage sont éventrés, laissant apparente une partie de la charpente. "Aujourd'hui, j'ai pu rentrer dans la maison après avoir revêtu une combinaison blanche, raconte le sexagénaire. D'après les experts, qui m'accompagnaient, il y aurait cinq à six mois de travaux au moins avant de la rendre de nouveau habitable."
Décontaminer le sol et arracher les arbres
Quand l'enquête sur le terrain sera terminée, toute la végétation et la terre contaminée par le carburant seront supprimées. "Les arbres vont être abattus, dessouchés, le sol va être creusé et la terre remplacée."
D'ici là et le temps des travaux, les propriétaires, actuellement hébergés par des amis, vont chercher un autre logement provisoire. "Nous sommes très soutenus par la famille, les amis, la mairie. Le moral est meilleur qu'il y a deux-trois jours", confie le propriétaire qui dit tenir "grâce à l'humour". "Pour ma femme, c'est plus dur. Elle reste choquée. Elle était quand même dans la maison au moment de l'accident."
Une rencontre avec les pilotes ?
"Un représentant belge vient de nous demander si nous étions d'accord pour rencontrer les deux pilotes de l'avion de chasse. [...] Tout de suite; peut-être pas mais pourquoi pas plus tard ? Après tout, nos destins se sont croisés. Ça pourrait être bien que chacun mette un visage sur l'autre." Et de conclure, philosophe: "Ils ont fait ce qu'ils pouvaient pour nous éviter. Ils n'ont pas réussi. Ils ne l'ont pas fait exprès."