Manifestation à Pontivy. La fin des gains de plus de 150 euros inquiète les organisateurs de lotos : "On ne peut pas leur enlever ça"

Tous les ans, fin septembre, le plus gros loto de France se déroule à Pontivy. Avant la crise sanitaire, il accueillait plus de 3 500 joueurs venus de toute la France pour espérer gagner un camping-car ou une croisière. Mais une nouvelle réglementation pourrait mettre un coup d’arrêt aux lotos.

"La règle en France, c’est que la Française des jeux a le monopole des jeux d’argent" précise d’emblée Paul Paul Le Guernic, adjoint au maire de Pontivy. et jusqu'ici, les organisateurs de loto bénéficiaient d’une dérogation à condition que la mise ne dépasse pas 20 euros."

Mais en décembre 2020, en pleine crise du coronavirus, l’Etat a fait passer un décret pour limiter le montant des gains à 150 euros maximum.  Article D322-3-1 du  21 décembre 2020 - art. 5 stipule que "La valeur de chacun des lots proposés au public à l'occasion des lotos traditionnels organisés dans les conditions prévues par l'article L. 322-4 ne peut excéder 150 euros."

"C’est passé complètement inaperçu. s'offusque Paul Le Guernic, Nous notre loto de septembre avait été repoussé cinq fois à cause de la Covid-19. On a eu le droit de le maintenir avec nos lots, mais pour les prochains lotos, cela ne sera plus possible ! On ne peut pas accepter cette règle !"

L'incompréhension

L'élu s’interroge sur la décision du législateur ' pendant le confinement, il y a eu un peu de tout, des lotos en drive, des lotos sur internet, je pense qu’ils ont voulu faire un peu le ménage, mais ils y sont allés fort. Ce doit être l’œuvre d’un scribouillard qui ne connait pas les lotos de nos associations."

La réglement affirme qu'"une association peut organiser librement un loto traditionnel à condition qu’il se déroule dans un cercle restreint, qu’il soit mis en place dans un but social, culturel, scientifique, éducatif, sportif ou d’animation sociale" enrage-t-il, et ça faisait le bonheur de tous.". 

Patrimoine immatériel inclassable de l’humanité

Car les lotos, font partie de la vie des villes, des villages, des associations et surtout des habitants. 

Au dernier loto de Pontivy, en septembre, Thierry, dit Bourvil, parce qu’entre deux jetons posés sur son carton, il imite le comédien "Ah ben ça va moins bien marcher" a fait plus de 200 kilomètres pour venir. Ce jour-là, pour lui, ça marche plutôt bien, en fin de matinée, il a déjà gagné un panier apéro ! "A boire et à manger" sourit-il. " C’est ma huitième participation, racontait-il alors, il y a deux ans, j’ai gagné une télé. J’adore l’ambiance et puis, les lots, ça nous permet de rêver un peu."

"Il y a des gens qui viennent de partout, poursuit Paul Le Guernic, de Tours, de Charentes et même d’Alsace. Pour eux, c’est un passe-temps, parfois en famille. C’est l’occasion de retrouver des copains, de boire un coup, de sortir de la solitude pour certaines personnes âgées. Parfois, c’est la sortie de la semaine. On ne peut pas leur enlever ça."

"Ils viennent avec leurs doudous, leurs porte-bonheur, des petites vierges pour espérer décrocher le gros lot. Mais c’est clair qu’ils ne se déplaceront plus pour une carte cadeau dans une grande surface de moins de 150 euros."

Des retombées économiques pour les villes et les associations

Le loto géant de Pontivy sert à financer le club de foot de la GSI.  "Ces dernières années, cela a permis d’acheter deux mini- bus pour emmener les joueurs lors des matchs à l’extérieur, des survêtements pour les entraineurs, et tout un tas d’équipements " explique Roger Kempf, le vice-président du club des supporters de la GSI. "Les gains aident à boucler le budget du club."

"Les gens viennent pour jouer, mais ils viennent surtout pour gagner sourit Roger. Et si on n’a plus de jolies choses à offrir, ils viendront moins nombreux, le porte-monnaie du club s’en ressentira."

"Les finances de toute la ville aussi renchérit Paul Le Guernic. Le week-end du loto, les aires de camping-car, les hôtels et les restaurants de Pontivy font le plein. Se déplacer pour espérer gagner une voiture, ça peut valoir vaut le coup, se payer une chambre pour un fer à repasser ou un sèche-cheveux je ne suis pas sûr que ça tente grand monde !"

"Nos restaurants n’ont pas besoin d’un coup comme ça en ce moment "souligne l’adjoint au maire.

"Tout le monde va souffrir déclare- t-il, les entreprises du secteur qui offraient les lots et se faisaient ainsi connaître, Pontivy qui était pendant quelques heures sous les projecteurs."

 

Tous les lotos concernés

"Ça va impacter tout le monde, le loto de la petite école publique qui faisait gagner une télé, fini, ça vaut plus que 150 euros. Le loto de l’association pour un enfant malade, fini ! Ce n’est pas possible !"s’agace Roger Kempf.

Les organisateurs de loto veulent faire entendre leurs voix. Elus, organisateurs, associations se rassemblent à Pontivy ce 18 octobre pour dire que cette fois, ils ont vraiment la coupe est pleine.

 

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