Russe d'origine géorgienne, Zourab Tsereteli, 83 ans et auteur de la sculpture de Jean-Paul II à Ploërmel, dans le Morbihan, est l'un des plus artistes russes contemporains les plus célèbres. Ses oeuvres sont exposées partout à Moscou et dans le monde. Portrait.
A Moscou, impossible de ne pas remarquer les sculptures monumentales, au style extravagant, de Zourab Tsereteli. Ses sculptures sont présentes partout dans la capitale russe. Parmi elles, "Pierre le Grand", un bronze de 100 mètres de haut réalisé pour le tricentenaire de la flotte russe et installée à deux pas du Kremlin.
Mais l'oeuvre du sculpteur, président de l'Académie des beaux-arts de Moscou, a largement dépassé les frontières de la Russie. Son "Mal terrassé par le bien", crée à partir de fragments de missiles russes SS-20 est exposé à New York, au siège de l'ONU. On retrouve aussi ses oeuvres à Rome, Séville, Londres, au Brésil, en Turquie et même au Japon.
La France ne fait pas exception. Une sculpture de Zourab Tsereteli est exposé au siège de l'Unesco à Paris. En 2006, est inaugurée la statue de Jean-Paul II à Ploërmel, dans le Morbihan. En 2010, il offre aussi à Aymeri de Montesquiou, sénateur du Gers et descendant de Artagnan, une oeuvre représentant les quatre Mousquetaires. Elle est installée en août 2010 devant la cathédrale Saint-Pierre de Condom. Enfin, en 2012, il offre une oeuvre à la ville de Saint-Gilles-Croix-de-Vie pour rendre hommage à Marina Tsvetaïeva, une poétesse russe.
Une des plus grandes fortunes de Russie
Russe d'origine géorgienne, à 83 ans, ce vieillard un peu rond, à l'allure simple et convivial s'illustre donc comme l'un des plus célèbres artistes russes de son époque et surtout comme l'un des plus prolifiques. Auteur de plusieurs milliers de toiles et de centaines de sculptures, il se définit comme un humaniste, "faisant de l'art pour l'art", relate le journal Le Point dans un entretien publié en 2004. Mais il est aussi un redoutable homme d'affaire et l'une des plus grosses fortunes de la Russie postsoviétique.
Issu d'une famille géorgienne ruinée, il parvient à se faire un nom en devenant peintre officiel du ministère des Affaires étrangères. A ce titre, il décore de nombreuses ambassades soviétiques à l'étranger. Depuis cette période, il peut compter sur le soutien de Iouri Loujkov, ancien maire de Moscou. "A l'étranger, c'est Loujkov qui impose les statues de son ami Zurab Tsereteli. En tapant sur l'épaule des présidents lors des visites officielles et en disant : "Moscou vous offre une oeuvre du sculpteur le plus connu au monde. C'est un cadeau."" relate le Point. C'est d'ailleurs à l'ancien maire que le sculpteur doit la majorité de sa fortune, les oeuvres commandées par Moscou étant payées par la municipalité.
Un artiste controversé
Beaucoup sont ceux à critiquer cet excentrique sculpteur, décoré de la légion d'honneur en France, pour son gigantisme. Sa statue de Pierre le Grand est toujours vivement controversée au sein de l'intelligentsia russe. Le don de la statue "La naissance du nouveau monde", 45 fois plus grande que la statue de la Liberté, fût refusée par plusieurs villes américaine dont Columbus, New York, Boston, Cleveland ou encore Miami rapporte le journal britannique The Guardian. Elle fût finalement inaugurée à Porto Rico en 2016. La statue de Jean-Paul II à Ploërmel n'est donc qu'une polémique de plus.
Statue de Jean-Paul II à Ploërmel : une polémique qui dépasse les frontières