Selon le Canard Enchaîné, Renault envisage un vaste plan d'économie. Quatre usines verraient leur fermeture en France, dont La Fonderie de Bretagne à Caudan.
Selon le Canard Enchaîné, le constructeur français Renault s'apprête à vouloir fermer quatre usines sur le territoire français. Parmi elles, Choisy-le-Roi, Dieppe, la Fonderie de Bretagne à Caudan, puis celle de Flins dans les Yvelines. Le groupe doit, le 29 mai prochain, dévoiler les contours d'un vaste plan d'économie de 2 milliards d'euros annoncé en février.
"Un coup de massue total"
La fonderie de Bretagne produit des pièces en fonte pour moteurs, châssis et boîtes de vitesse. Elle emploie 385 salariés. Pour David Taillefer, sécrétaire du CSE, ces annonces représentent "un coup de massue total". Il explique : "On s'attendait plus à un business plan, une restructuration, parce que la direction locale l'avait annoncé avant le confinement. Mais pas à une fermeture."
"On gardait confiance à la suite de l'incendie (en mai 2019). Des travaux ont été faits et rien ne laissait présager une telle nouvelle. La ligne est opérationnelle", ajoute-t-il.
David Taillefer lance : "Ce qui m'écoeure, c'est que le groupe profite de la crise du coronavirus pour supprimer des emplois alors qu'ils demandent 5 milliards d'euros d'aide à l'Etat. Et il n'y a pas que nous. Nos sous-traitants, nos fournisseurs subiront aussi les conséquences de cette fermeture."Utiliser de l'argent public pour licencier, c'est inadmissible
"On va alerter les députés et sénateurs de la région, leur faire remonter l'incompréhension, les angoisses des salariés", dit Maël Le Goff, secrétaire général de la CGT Fonderie. "Les gens sont prêts à se mobiliser pour garder leur outil de travail, un outil neuf. Monsieur Le Drian, en 2009, a signé la reprise de la Fonderie de Bretagne par Renault. Maintenant qu'il fait partie du gouvernement, il est temps qu'il agisse."
Les salariés ont demandé la tenu d'un CSE extraordinaire. Leur direction locale a refusé. Elle a répondu que la situation doit être abordée, lors du prochain CE mensuel prévu lundi 25 mai à 9 h.
Silence du côté de la direction du groupe et du ministère de l'économie
À Flins, il ne s'agit pas d'une fermeture mais de l'arrêt de la production automobile pour consacrer le site à une autre activité, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. Une deuxième source a confirmé que la fermeture pure et simple de l'usine n'était pas d'actualité, sans exclure qu'elle ait été envisagée.
Interrogée, la direction de Renault n'a pas souhaité faire de commentaire. Même silence au ministère de l'Economie.
En difficulté avant même la crise du coronavirus qui a provoqué un effondrement du marché automobile, Renault avait enregistré l'an dernier ses premières pertes en dix ans. L'arrêt de l'activité provoqué par la pandémie n'a fait qu'aggraver la situation. Le constructeur a vu, début avril, sa notation financière abaissée au rang d'investissement spéculatif par l'agence Standard and Poor's.
L'Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital, a accepté de voler au secours de l'entreprise en garantissant un prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros. Ce prêt garanti par l'Etat, et approuvé par l'Union européenne, était tout proche d'être signé mardi soir, selon une source. La directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, avait indiqué fin avril que ce prêt ne remettait pas en cause le plan d'économies de Renault, ni d'éventuelles suppressions d'emplois, la seule condition fixée par le gouvernement étant le renoncement aux dividendes versés aux actionnaires cette année.
Dès février, la direction avait évoqué la possibilité de fermer des sites en France et à l'étranger lors de la présentation des résultats annuels. "Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien", avait déclaré Mme Delbos.