Naval Group remporte en Roumanie un appel d'offres d'1,2 milliard d'euros portant notamment sur la construction de quatre corvettes Gowind. Un nouveau succès à l'export qui selon le ministère va permettre de "consolider plus de 400 emplois, notamment à Lorient et Toulon-Ollioules".
Pour le pays riverain de la mer Noire et membre de l'Otan, "il s'agit du premier programme d'une telle ampleur depuis 30 ans visant l'équipement des forces navales", s'est félicité le ministre roumain de la Défense Gabriel Les.
Son homologue française Florence Parly a de son côté salué une "décision qui s'inscrit pleinement dans l'effort de construction d'une Europe de la Défense forte et ambitieuse".
Naval Group l'a emporté à l'issue d'un appel d'offres chaotique face au néerlandais Damen et à l'italien Fincantieri - avec qui il a créé mi-juin une coentreprise pour renforcer leur force de frappe à l'export.
Selon des médias locaux, les autorités roumaines avaient tenté par tous les moyens de disqualifier les Français, qui avaient déposé la meilleure offre. Bucarest aurait privilégié, pour des "intérêts politiques", le groupe Damen.
Le ministère avait notamment lancé en novembre un audit de la procédure, avant de suspendre l'appel d'offres en janvier et de saisir le parquet militaire, invoquant des "risques pour l'intérêt national de sécurité".
Le secrétaire d'Etat à la Défense à l'origine de cette plainte a été limogé le mois dernier, quelques jours après l'incarcération pour corruption du chef des sociaux-démocrates Liviu Dragnea, qui était depuis 2016 le véritable chef d'orchestre du pouvoir roumain.
Dans un communiqué, le néerlandais Damen a fait part de sa "préoccupation" de voir l'appel d'offres attribué à Naval Group alors que les "multiples problèmes" ayant justifié sa suspension en janvier n'ont pas été éclaircis. Le groupe dit "envisager des mesures" face à cette décision
"Record historique"
Pour l'emporter, Naval Group s'est associé au chantier naval roumain SNC (Santierul Naval Constanta). Il doit livrer la première corvette de type Gowind d'ici 2022, et les trois autres d'ici 2026. Toutes seront assemblées à Constanta.
Ces frégates, déjà vendues notamment aux Emirats arabes unis et à l'Egypte, sont notamment équipées de sonars développés par Thales et de missiles anti-aériens
Mica-VL et antinavires Exocet de MBDA.
L'appel d'offres remporté, d'un montant total d'1,2 milliard d'euros selon le communiqué du ministère français, comprend également la rénovation de deux frégates T22 roumaines et la création d'un centre de maintenance et d'un centre d'entraînement.
"Les équipes de Naval Group et SNC sont honorées de la confiance des autorités roumaines et se réjouissent de travailler ensemble pour fournir à la Marine roumaine les quatre corvettes de dernière génération Gowind", a réagi l'entreprise française dans un communiqué séparé.
Le site de Lorient consolidé
"Plus de 400 emplois seront ainsi consolidés sur les sites de Naval Group dans les cinq prochaines années", notamment à Lorient et Toulon-Ollioules, selon la ministre française.
Il s'agit d'un nouveau succès à l'export pour Naval Group, détenu à 62% par l'Etat français et à 35% par Thales. Les prises de commandes enregistrées en 2018 se sont
légèrement tassées à 3,7 milliards d'euros, avait annoncé le groupe fin février, mais 2017 avait bénéficié d'un niveau particulièrement élevé de prises de commandes.
La France a exporté pour 9,1 milliards d'euros d'armements en 2018
Depuis six mois, "l'équipe France" a vendu 22 navires militaires, notamment 12 chasseurs de mines à la Belgique et aux Pays-Bas. "Il s'agit d'un record historique, à comparer aux 22 navires précédemment vendus en 30 ans par la France", note le ministère de la Défense.
Troisième pays exportateur d'armes dans le monde après les Etats-Unis et la Russie, la France a exporté pour 9,1 milliards d'euros d'armements en 2018, en hausse de 30%. Un quart de ces exportations a été à destination de l'Europe.