Au lendemain de l'annonce de la fermeture avant 2026 des sites Michelin de Cholet et de Vannes, c'est la consternation. Dans la capitale morbihannaise, environ 300 salariés sont concernés. Beaucoup craignent des difficultés de réinsertion. Mais au-delà, toute la population semble très touchée par cette nouvelle.
Après la journée noire de ce mardi avec l'annonce de la fermeture des sites Michelin de Vannes et Cholet, c'est la consternation pour les 300 salariés du site morbihannais. Même si beaucoup s'y attendaient. "On nous annonçait des volumes de production de plus en plus bas, alors ça devait bien finir par arriver", regrette l'un. "Dans l'Ouest, on est excentré, on est loin de tout, analyse un autre. Et puis, on est 300, c'est devenu une petite structure. C'est plus facile de licencier 300 personnes que 1000 !", conclut-il.
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"Cela m'inspire de la tristesse"
En ville, la nouvelle a semé la désolation chez une certaine partie de la population. "C'est dramatique parce que si les pneus ne sont plus faits en France, si on n'a plus d'ouvriers pour faire tout ça, ça va être encore des importations", regrette une habitante. Une autre passante commente cette annonce : "Les fermetures, c'est malheureusement le lot de beaucoup d'entreprises. Il n'y a qu'à voir le centre de Vannes, tout ferme ! Je me mets à leur place, c'est compliqué. Cela m'inspire de la tristesse et de la peur pour l'avenir", témoigne-t-elle.
Chacun semble préoccupé et touché par cette nouvelle, comme cette dame qui raconte une anecdote révélatrice de l'attachement de la ville à son usine : "J'avais justement acheté des pneus Michelin cette semaine en me disant que c'était bien d'avoir soutenu l'usine locale".
"Comment les gens vont pouvoir se réinsérer ?"
D'autres personnes rencontrées pensent à l'après pour les salariés, non sans pessimisme : "C'est déjà très compliqué de trouver un emploi à Vannes et aux alentours. Comment ces gens vont pouvoir se réinsérer ?" .
Michelin a employé jusqu'à 1 200 personnes. C'était un puissant pôle d'attractivité. Les plus anciens s'en souviennent. "Ça fait mal au cœur. Je suis franchement déçu. C'était une usine magnifique. J'y ai travaillé dans les années 2 000, je m'occupais des chariots élévateurs".
"C'est terrible !" confie un cycliste. Pourquoi on fait ça ? C'est toujours le profit qui prime. À un moment, il faudra qu'on s'arrête, car tout ça, va exploser. J'ai un ancien voisin qui travaille là-dedans et il m'a toujours dit 'ça va fermer', ça prendra 10-15-20 ans, mais ça fermera".
Un "traumatisme", un "séisme pour le territoire"
Michelin a été le premier employeur privé de la ville. Le maire de Vannes, David Robo, parle de "traumatisme", de "séisme pour le territoire". "Michelin et Vannes, rappelle-t-il, c'est près de 50 ans d'Histoire commune. Le développement de la ville est lié à Michelin, on a créé une cité, on a créé une voie de chemin de fer pour Michelin".
J’appelle tous les chefs d’entreprise et les dirigeants du territoire à jouer la carte de la solidarité et à se mobiliser pour proposer prioritairement des emplois aux salariés de Michelin quand cela leur sera possible.
Anne Le Hénanffdéputée du Morbihan
Anne Le Hénanff, députée du Morbihan, a transmis dans un communiqué de presse son "total soutien aux équipes de la direction vannetaise et aux 300 salariés qui vont perdre leur emploi".
Comme le maire, elle pense déjà aux solutions de reclassement. "J’appelle tous les chefs d’entreprise et les dirigeants du territoire à jouer la carte de la solidarité et à se mobiliser pour proposer prioritairement des emplois aux salariés de Michelin quand cela leur sera possible", a-t-elle poursuivi.
À Paris, elle suivra les accompagnements que le Gouvernement mettra en œuvre aux côtés de la direction du groupe Michelin, pour permettre le reclassement de chaque salarié de l’usine de Vannes.
Après l’annonce par la direction de @Michelin de la fermeture de 2 des ses usines dans l’ouest, dont celle de #Vannes, je souhaite exprimer ma solidarité et mon soutien aux 300 salariés et à l’équipe de direction vannetaise
— Anne Le Hénanff (@ALehenanff) November 5, 2024
Je me tiens à leur disposition autant que de besoin pic.twitter.com/E8QtcDb5bQ
Objectif "zéro salarié sans solution"
Dès hier, le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a, lui aussi, réagi dans un communiqué : "J'ai appris ce matin le choix du groupe Michelin de fermer son site de Vannes. Cette décision, quel que soit le contexte économique et industriel, demeure brutale pour les salariés et leurs familles. Je la regrette et je tiens à exprimer aux femmes et aux hommes de l'entreprise toute ma solidarité".
Il souhaite par ailleurs que le groupe Michelin "assume toutes ses responsabilités. Ses responsabilités vis-à-vis des salariés, d'une part, qui doivent être accompagnés pour rebondir professionnellement sur le territoire, avec un objectif majeur : zéro salarié sans solution. Ses responsabilités vis-à-vis du territoire, d'autre part, pour préparer la suite et notamment, la reconversion du site. Ce site, et le territoire en général, a un avenir industriel et le groupe Michelin doit pouvoir y contribuer".
Loïg Chesnais-Girard affirme enfin être "disponible pour participer à toutes les discussions associant le groupe Michelin, les élus locaux et les organisations syndicales, visant à atteindre ces deux objectifs".
L'État pointe du doigt la stratégie de Michelin
Dans un communiqué, la préfecture du Morbihan n'hésite pas à relever la responsabilité de la direction de Michelin dans cette fermeture de site. "Cette fermeture, peut-on y lire, inscrite dans un contexte de crise structurelle de la filière automobile, touche quelque 300 salariés et résulte de choix propres à Michelin."
La préfecture appelle par ailleurs le groupe "à une exemplarité dans le dialogue social avec les partenaires sociaux et dans le plan d’accompagnement des salariés et des territoires concernés".
Cette fermeture résulte de choix propres à Michelin.
La préfecture du Morbihan
L'État se veut extrêmement vigilant dans ce dossier. "Le ministre délégué chargé de l’Industrie suit avec la plus grande attention ce dossier pour lequel les dirigeants de Michelin seront tenus de rendre compte des moyens et des résultats obtenus", précise le communiqué.
Michelin s'engage à accompagner les salariés et le territoire
C'est aussi l'engagement de Michelin. Le groupe "accompagnera chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure", avec des offres d'emploi dans d'autres entreprises ou dans le groupe, ou bien en préretraite.
Il "accompagnera également les deux territoires impactés en participant à la création d'au moins autant d'emplois que ceux supprimés", a-t-il promis.
À La-Roche-sur-Yon, 635 emplois ont été créés en quatre ans pour 613 emplois supprimés, selon Michelin. À Joué-Lès-Tours, 1.054 emplois ont été créés en quatre ans pour 706 emplois supprimés.
(Avec Benoît Le Vaillant)