"C'est une journée noire pour Vannes". Michelin annonce la fermeture du site qui emploie 300 personnes

Michelin a annoncé ce mardi 5 novembre la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes, mettant en cause "l'effondrement" des ventes des pneus pour camions et camionnettes. Dans la capitale morbihannaise, environ 300 salariés sont concernés. Michelin a été le premier employeur privé de la ville. Le maire, David Robo, parle de traumatisme.

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Les temps sont durs pour Michelin. Et ce sont les salariés de l'Ouest qui vont trinquer. Ce mardi 5 novembre, la direction du groupe a confirmé la rumeur qui circulait depuis plusieurs semaines : les sites de Cholet et de Vannes vont fermer, avant 2026. 

Le fabricant de pneumatiques traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique, notamment sur les pneus de camionnettes et poids lourds.
"C'est l'effondrement de l'activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin", a déclaré le PDG de Michelin Florent Menegaux. 

Environ 300 salariés sur le carreau à Vannes

Le site de Vannes, dans le Morbihan, se situe dans la zone du Prat. Il compte 299 salariés qui produisent principalement des câbles métalliques pour des pneus fabriqués ensuite en Espagne et en Italie.


Cette usine a connu une baisse continue de ses volumes de production "en raison notamment de l'évolution du niveau de la demande des usines poids lourd du groupe en Europe (...) sans perspective de redressement", souligne Michelin.

Ambiance morose devant l'usine

Pour les salariés, très nombreux devant l'usine ce mardi matin (5 novembre), c'est la consternation. Même si beaucoup s'y attendaient. "On nous annonçait des volumes de production de plus en plus, alors ça devait bien finir par arriver", regrette l'un. "Dans l'ouest, on est excentré, on est loin de tout, analyse un autre. Et puis, on est 300, c'est devenu une petite structure. C'est plus facile de licencier 300 personnes que 1000 !", 

"C'est toujours le profit qui prime". En ville, la fermeture fait jaser


En ville, la nouvelle a semé la désolation chez une certaine partie de la population. Michelin a employé jusqu'à 1200 personnes. C'était un puissant pôle d'attractivité. Les plus anciens s'en souviennent. "Ça fait mal au cœur. Je suis franchement déçu. C'était une usine magnifique. J'y ai travaillé dans les années 2000, je m'occupais des chariots élévateurs". 

"C'est terrible !" confie un cycliste. Pourquoi on fait ça ? C'est toujours le profit qui prime. À un moment, il faudra qu'on s'arrête, car tout ça va exploser. J'ai un ancien voisin qui travaille là-dedans et il m'a toujours dit 'ça va fermer', ça prendra 10-15-20 ans, mais ça fermera"

Les élus locaux parlent de "choc" et de soutien aux salariés

David Robo, le maire de la ville, parle de "traumatisme", de "séisme pour le territoire".
"Michelin et Vannes, rappelle-t-il, c'est près de 50 ans d'Histoire commune. Le développement de la ville est lié à Michelin, on a créé une cité, on a créé une voie de chemin de fer pour Michelin". 

Michelin et Vannes, c'est près de 50 ans d'Histoire commune. Le développement de la ville est lié à Michelin, on a créé une cité, on a créé une voie de chemin de fer pour Michelin.

David Robo, maire de Vannes

Le maire est sous le choc, mais rappelle que ça fait déjà de nombreux mois que ses équipes travaillent à trouver des solutions pour pérenniser ce site industriel. Les APF de Ploeren et les Transports Rouxel étaient déjà venus s'implanter dans la zone du Prat en 2022, alors que Michelin avait de la place à céder. 

Anne Le Hénanff, députée du Morbihan, a transmis dans un communiqué de presse son "total soutien aux équipes de la direction vannetaise et aux 300 salariés qui vont perdre leur emploi".

Comme le maire, elle pense déjà aux solutions de reclassement. "J’appelle tous les chefs d’entreprise et les dirigeants du territoire à jouer la carte de la solidarité et à se mobiliser pour proposer prioritairement des emplois aux salariés de Michelin quand cela leur sera possible", a-t-elle poursuivi.

À Paris, elle suivra les accompagnements que le Gouvernement mettra en œuvre aux côtés de la direction du groupe Michelin, pour permettre le reclassement de chaque salarié de l’usine de Vannes.

L'État pointe du doigt la stratégie de Michelin

Dans un communiqué, la préfecture du Morbihan n'hésite pas à relever la responsabilité de la direction de Michelin dans cette fermeture de site. "Cette fermeture, peut-on y lire, inscrite dans un contexte de crise structurelle de la filière automobile, touche quelque 300 salariés et résulte de choix propres à Michelin."

La préfecture appelle par ailleurs le groupe "à une exemplarité dans le dialogue social avec les partenaires sociaux et dans le plan d’accompagnement des salariés et des territoires concernés".

Cette fermeture résulte de choix propres à Michelin.

La préfecture du Morbihan

L'État se veut extrêmement vigilant dans ce dossier. "Le ministre délégué chargé de l’Industrie suit avec la plus grande attention ce dossier pour lequel les dirigeants de Michelin seront tenus de rendre compte des moyens et des résultats obtenus", précise le communiqué. 

Michelin s'engage à accompagner les salariés et le territoire

C'est aussi l'engagement de Michelin. Le groupe "accompagnera chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure", avec des offres d'emploi dans d'autres entreprises ou dans le groupe, ou bien en préretraite.
Il "accompagnera également les deux territoires impactés en participant à la création d'au moins autant d'emplois que ceux supprimés", a-t-il promis.
À La-Roche-sur-Yon, 635 emplois ont été créés en quatre ans pour 613 emplois supprimés, selon Michelin. À Joué-Lès-Tours, 1.054 emplois ont été créés en quatre ans pour 706 emplois supprimés.

Déjà 2 300 emplois supprimés en 2021 en France

Michelin avait déjà fortement réduit son empreinte en France, son premier pays : avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La-Roche-sur-Yon, il aura fermé six usines en vingt ans.
Le groupe avait également annoncé un plan de 2 300 suppressions de postes dans l'Hexagone en 2021 : il n'y comptera plus que 18 000 salariés après la fermeture de Cholet et Vannes, dont 8 000 dans l'industrie.


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