Invité de la Fête du livre à Quiberon, dans le Morbihan, l'humoriste Guillaume Meurice a pu mesurer le soutien que lui ont apporté des visiteurs, face à ses démêlés avec son employeur, Radio France, après sa "blague" sur Benjamin Netanyahou.
Entre dédicaces et selfies, Guillaume Meurice est chaleureusement accueilli par ses fans, ce vendredi 10 mai 2024. Certains, et surtout certaines, ont lu son livre Dans l'oreille du cyclone, qui relate la tempête médiatique qui a suivi sa saillie sur le premier ministre israélien, qui mène la guerre contre Gaza depuis les massacres d'Israéliens du 7 octobre 2023.
A lire. Des aménagements anti-SDF pointés du doigt par Guillaume Meurice à Rennes et Saint-Malo
Tempête médiatique et menace de sanctions
Christelle apprécie l'impertinence de l'humoriste et s'étonne du traitement qui lui est fait. "On reproche à Guillaume une blague, mais on ne reproche pas à CNews de tacler sans cesse les migrants. Ces radios et ces télévisions qui mettent dans la tête des gens que 'l'autre, c'est l'ennemi', on les laisse faire", estime la Morbihannaise de 60 ans.
"On ne reproche pas à CNews de tacler sans cesse les migrants. Ces radios et ces télévisions qui mettent dans la tête des gens que 'l'autre, c'est l'ennemi', on les laisse faire."
Une participante de la Fête du livre
Qualifiant le chef du gouvernement d'Israël de "sorte de nazi, mais sans prépuce" le 29 octobre 2023, l'humoriste avait été sanctionné d'un avertissement par la direction de Radio France.
Des propos répétés en avril
L'affaire avait pris une tournure judiciaire avec une plainte déposée par l'Organisation juive européenne contre Guillaume Meurice, pour provocation à la violence et à la haine antisémites et injure publique à caractère antisémite. Une plainte classée sans suite par le parquet de Nanterre en avril 2024.
Quelques jours plus tard, l'humoriste rappelle le rôle important de la justice dans cette histoire, et réitère ses propos sur le Premier ministre israélien. Le 28 avril, lors d'une nouvelle émission du Grand Soir, Guillaume Meurice déclare dans sa chronique qu'"il y a des choses qu'on peut dire, par exemple 'si je dis que Netanyahou est une sorte de nazi, mais sans prépuce' c'est bon le procureur, il a dit 'c'est bon', il l'a dit cette semaine. Vous pouvez en faire des mugs, des t-shirts, c'est ma première blague autorisée par la loi française".
À la fête du livre à Quiberon, une auditrice de Guillaume Meurice juge"un peu disproportionnée" la réaction aux propos répétés de l'humoriste, qui "n'est pas le seul humoriste à faire des blagues qui peuvent être considérées comme un peu limite." À cet instant, une autre visiteuse de la Fête du livre intervient, estimant que "toute blague est bonne à partir du moment où on sait quand la dire, et pas quand il y a beaucoup de gens qui en souffrent". Avant de conclure, émue : "je trouve inadmissible que Guillaume Meurice soit là aujourd'hui, à ce moment."
"Toute blague est bonne à partir du moment où on sait quand la dire, et pas quand il y a beaucoup de gens qui en souffrent."
Une participante de la Fête du livre
Guillaume Meurice, affairé aux dédicaces, n'a pas entendu cet échange. L'humoriste, qui évite les interviews, laisse néanmoins échapper une impression de soulagement : cette histoire, "ce n'est pas seulement moi que ça concerne, c'est la tendance qui est à l'œuvre, pas seulement à France Inter, mais dans la société en général. Donc c'est normal que ça alerte du monde." La satire politique heurte lorsqu'un groupe se sent assigné, enfermé dans une image, mais elle joue aussi le rôle de questionner la société et son époque.