La sécurité dans les villes fait partie des priorités des Français. Vannes n’échappe pas à la règle. Son image cossue cache des quartiers dits sensibles : Kercado et Ménimur. Ils sont parasités par le trafic de drogue, malgré le renforcement de la police municipale ou de la vidéo-protection.
Tous les habitants le savent. En ce moment, les dealers ont élu domicile dans le hall d’un immeuble, rue Sonia Delaunay. Et ils ne font rien pour passer inaperçu. A chaque coin de rue, un « chouf », un jeune guetteur est chargé de surveiller l’arrivée éventuelle de la police et de signaler la moindre allée et venue suspecte dans le quartier. Vêtus de noir, le visage dissimulé derrière un foulard, une capuche sur la tête, ces jeunes sont recrutés dans le quartier ou viennent de beaucoup plus loin. De région parisienne par exemple.
En une semaine, ils peuvent se constituer un joli petit pactole "puisqu’il peuvent gagner entre 150 et 250 euros la journée de guet", confie François le Texier, policier au commissariat de Vannes et délégué syndical SGP-FO Police du Morbihan. Pendant que les gamins surveillent, les trafiquants œuvrent en toute tranquillité dans le hall de l’immeuble. Cannabis mais aussi cocaïne et même héroïne, on trouve de tout.
Des habitants excédés
En 2019, les policiers appuyés par la préfecture et la mairie ont multiplié les opérations coup de poing et les interpellations, à Ménimur mais aussi à Kercado. Des caves ont été murées pour empêcher les trafics mais rien n’y fait. Les dealers sont toujours là et des habitants, inquiets, dénoncent une recrudescence des incivilités.
Excédés, d’autres en ont marre que leur quartier soit toujours montré du doigt alors qu’il y fait plutôt bon vivre. Ménimur a vu le jour en 1967 pour accueillir les salariés de l’usine Michelin. Ici pas de grandes tours, mais des petits HLM de 4 ou 5 étages qui voisinent avec des résidences privées et des pavillons.
Le quartier est entouré par les parcs de Kerizac et Kermesquel- où le trafic de drogue s’était déplacé pendant un certain temps avant de revenir dans le centre du quartier- et dispose de terrains de foot, aires de jeux et autres espaces verts. On est bien loin des banlieues parisiennes, lyonnaises ou marseillaises. Et pourtant, certains n’hésitent pas à dire que Vannes est devenue la plaque tournante du trafic de drogue en Bretagne.
Une réputation qui ne plait guère au maire, David Robo, candidat à sa succession. Pour lui, Vannes n’est pas pire que Rennes, Brest ou Lorient. La ville change comme toutes les villes françaises et doit faire face aux mêmes problèmes de délinquance. Ni plus ni moins. Il met en avant, la création d’un Groupement local de traitement de la délinquance (GLTD) qui permet à tous les services de la ville et de l’Etat de mettre en commun leurs informations pour mieux lutter contre les trafics.
Mais le maire se veut à l’écoute des habitants des quartiers sensibles qui reconnaissent d’ailleurs ses efforts pour améliorer la situation.
Plus de caméras et de policiers municipaux
En 10 ans, le nombre de caméras de vidéo protection a été multiplié par trois, passant de 30 en 2009 à plus de 100 aujourd’hui. Dans le seul quartier de Ménimur, une douzaine de caméras balaie la petite zone commerciale ou s’installe le marché chaque vendredi mais aussi les rues adjacentes.
Dans le centre-ville aussi, il y a des caméras partout et la mairie affirme que grâce à elles, 4 à 500 faits délictueux ont pu être signalés aboutissant à plus de 90 réquisitions dans le cadre d’enquêtes judiciaires. La délinquance aurait ainsi baissé de 57% dans les zones vidéo-protégées.
La mairie a aussi renforcé sa police municipale. Huit agents supplémentaires ont été recrutés et 19 policiers sillonnent désormais la ville aidés par une brigade canine depuis juillet dernier. Un chien très utile pour détecter les stupéfiants.
Depuis 2017, les policiers municipaux sont armés comme c’est le cas dans une ville française sur 2. Un plus pour Dominique Solignat, le responsable de la police municipale, tant pour la sécurité des agents que pour celle des Vannetais.
Les policiers municipaux patrouillent désormais avec la police nationale. Une aide précieuse pour des policiers trop peu nombreux aux yeux des syndicats de police. Selon François Le Texier, il manquerait aujourd’hui une bonne quinzaine d’hommes à Vannes et dans le département, sans compter une BAC (Brigade anti-criminalité) de jour (il n’y a actuellement qu’une BAC de nuit) qui pourrait renforcer la brigade des stupéfiants et ses 4 fonctionnaires.
Il y’a pourtant bien peu de chances pour que les effectifs augmentent dans les mois à venir. Aux yeux du Ministère de l’Intérieur, Vannes ne figurerait pas dans le peloton de tête des villes prioritaires. (dixit FGP)
La sécurité priorité des candidats
Reste que la sécurité fait partie des priorités des vannetais et donc des candidats aux municipales. De droite comme de gauche, chacun y va de ses propositions. La plupart veulent plus de policiers municipaux, d’éducateurs, de médiateurs, de patrouilles, des postes de police ouverts 7 jours sur 7 et 24h/24 à Ménimur et Kercado. Certains réclament de sanctions pour les consommateurs de stupéfiants quand d’autres insistent sur la nécessité de lutter d’abord contre la précarité et la pauvreté qui touchent les deux quartiers vannetais. Aux électeurs de faire leur choix.