Au congrès de Vannes, Thomas, Patrice et Corinne affichent toujours leur "passion" pour le métier de pompier. Mais aussi parfois leur "lassitude", voire leur "démotivation", à force d'être "de moins en moins soldats du feu et de plus en plus taxis pour les urgences".
Thomas, 28 ans, est pompier professionnel depuis 10 ans. "Cela reste une vocation. Cela motive de travailler en équipe, avec les copains", explique-t-il, un verre à la main sous le soleil du Morbihan, à la veille de la clôture du 126e congrès annuel des quelque 247.000 sapeurs-pompiers français. Mais ces dernières années, "on est parfois moins motivé", explique le grand gaillard brun aux cheveux ras, en uniforme marine.
Les pompiers compensent le recul des services publics
Comme nombre de pompiers, Thomas, qui s'est engagé pour "aller sur les incendies" et "sauver des vies", en a "marre d'aller chercher des gens qui nous attendent avec leurs valises pour être conduits chez le médecin ou à l'hôpital". Face au recul des services publics et à la désertification médicale, les appels à l'aide explosent, le samu est débordé, et les pompiers de plus en plus sollicités au moindre problème, notamment pour conduire des personnes aux urgences hospitalières, déjà surchargées par ailleurs."On est passé de soldat du feu à taxi !"
"On nous appelle pour un oui pour un non", déplore Patrice, 61 ans, pompier dans les Bouches-du-Rhône. Résultat, les pompiers sont aujourd'hui monopolisés par le secours aux personnes (84% de leurs interventions, contre 50% il y a 20 ans), dont beaucoup non urgentes, voire inutiles. Jeudi au congrès, un pompier du Val d'Oise a ainsi expliqué que la veille, dans plus de la moitié de leurs interventions, les pompiers du département n'avaient pas ouvert leurs sacs de secours un seule fois. "On est passé de soldat du feu à taxi, et cela démotive les troupes dans toutes les casernes", regrette Charles Cosse, du syndicat UNSA-SDIS Gironde.Généraliser les plate-formes d'appels uniques
Depuis des années, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) appelle le gouvernement à mieux répartir la charge du secours au personnes, notamment en généralisant des plate-formes d'appels commune pompiers-police-gendarmerie-samu avec le numéro d'urgence unique 112.Manifestation de 250 pompiers
Dans la journée près de 250 pompiers, mais aussi administratifs ont défilé et pique-niqué à Vannes, l'occasion de rappeler au ministre Christophe Castaner attendu ce vendredi au congrès les revendications portées par le mouvement national de grève de la profession.
Damien Litra, délégué départemental CGT du SDIS 56
recueillie par Stéphane Izad et Philippe Queyroux