VIDEO. Face aux refus des employeurs de l'embaucher, ce jeune autiste crée sa crêperie ambulante

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Samuel dans sa crêperie ambulante. Le jeune autiste a monté son auto-entreprise après avoir essuyé une multitude de refus d'embauche
Le reportage de Yoann Etienne et Stéphane Izad ©France 3 Bretagne

Samuel a été diagnostiqué autiste Asperger à l'âge de 17 ans. Après un parcours scolaire semé de rejet et d'isolement, après avoir essuyé une centaine de refus de la part d'employeurs lorsqu'il cherchait un travail, le jeune homme a fini par monter sa crêperie ambulante dans le Morbihan. "C'est un beau pied de nez à ceux qui pensaient que je ne ferais rien de ma vie" dit-il.

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"Heureusement que ceux qui disaient que je n'arriverais jamais à rien avaient tort". Samuel ne lance pas cette phrase au hasard. On y décèle même un peu d'ironie car le jeune homme de 30 ans, autiste Asperger, est aujourd'hui "le patron", comme il dit, à bord de son camion-crêperie, posé ce jour-là près d'une plage de Séné, dans le Morbihan.

Lui qui a essuyé plus d'une centaine de refus après avoir postulé à des emplois, lui qui, dès l'école, n'a guère croisé de soutien ni de bienveillance, elle est donc là, sa revanche. Dans ce camion qu'il a aménagé, dans ce projet qu'il a fini par monter "pour ne plus subir les refus à cause de mon autisme, relève-t-il. Je me suis accroché, débrouillé, j'ai fait une formation et me voilà crêpier".

À sa place

Samuel a 17 ans lorsque le diagnostic d'autisme est posé. "Ce fut très tardif, remarque-t-il. Les médecins ont d'abord cru que j'étais schizophrène. Je me suis retrouvé avec un traitement qui n'était pas du tout adapté. Et puis, finalement, le bon diagnostic a été donné. Ça m'a libéré car je savais ce que j'avais, comment le gérer et vivre avec".

La route reste semée d'embûches. Il peut compter sur "l'obstination" de ses parents qui l'épaulent, le guident et ouvrent la voie. "À l'école, relate Pascale, sa mère, il était isolé et rejeté. Que ce soit en primaire ou au collège, qu'il appelait 'l'enfer'. Samuel a été tellement maltraité au point d'être déscolarisé. Les enseignants disaient qu'il n'avait pas sa place au lycée. Il a passé son bac à 21 ans. Quant aux médecins, ils pensaient que sa place était en hôpital psychiatrique".

Pascale n'a pas baissé les bras. Et s'est longtemps battue pour que la place de son fils ne soit pas celle qu'on lui assignait d'office. "Je voulais qu'il fasse comme tout le monde, même s'il n'est pas comme tout le monde" sourit cette maman qui ne cache pas sa fierté de voir Samuel "s'épanouir et s'ouvrir aux autres. Il est sorti de sa tour d'ivoire pour se confronter au public, observe-t-elle. Avant, il avait du mal à gérer une situation inédite ou imprévue. Je lui disais : 'trouve la solution par toi-même, on en parle et on l'applique si elle est bonne'. Désormais, je n'ai plus besoin d'intervenir. Il sait comment débloquer les choses".

Crêpes et BD

Face à la clientèle, nombreuse, au pied de son camion, Samuel est aux petits soins. Avec son humour bien à lui. "Je me sens libre, épanoui, confie-t-il entre deux commandes de galettes. J'avance désormais. À mon rythme, mais j'avance".

Quand il n'est pas crêpier, il crée des bandes dessinées. "Le dessin, c'est mon fil rouge, ma vraie passion". Il aurait aimé en faire son métier, "mais ce n'est pas simple d'en vivre". Ses deux albums, qui ont bénéficié d'un financement participatif, racontent les aventures de l'oncle Sam. Son double. "La crêpe et la BD, un drôle de duo ! Si je mettais une crêpe en marque-page de mes BD, ça ferait des caractères gras" rigole-t-il.

Sa grand-mère, "l'une de [ses] plus fidèles clientes", s'émeut du parcours accompli par son petit-fils. "C'est inespéré, souffle-t-elle. Tellement inespéré vu les difficultés qu'il a connues. Il a fini par tomber sur les bonnes personnes qui l'ont encouragé et aidé. C'est une belle réussite" conclut-elle en emportant son paquet de crêpes.

(Avec Yoann Etienne)

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