Zoo de Pont-Scorff : la préfecture voit rouge et interdit "en urgence" l'accueil du public

Le zoo était déjà sous le coup d'une injonction de mise en conformité prise début septembre, le préfet du Morbihan enfonce le clou et prend un nouvel arrêté interdisant toute "activité de présentation au public". L'association Rewild, qui gère le zoo depuis décembre 2019, dénonce un faux procès.

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Ce sont au moins deux visites privées au Zoo de Pont-Scorff, constatées les 5 et 15 septembre derniers par la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP), qui ont fini d'agacer la préfecture du Morbihan.

Elle s'en explique dans un commniqué. "Le fait que le zoo de Pont-Scorff ait pu être financé par des dons et porté par une association ne peut conduire l’administration à exonérer la structure porteuse de toutes règles notamment lorsqu’il s’agit de santé et de bien-être animal et comme, dans le cas d’hier, de la sécurité du public. Le préfet prendra les mesures nécessaires pour faire respecter l’interdiction d’accueil du public sur le site". 
 



C'est que dans un arrêté de mise en demeure du 2 septembre, la préfecture avait déjà enjoint le zoo à se mettre en conformité avec la réglementation sur plusieurs points, notamment, et surtout, la présence sur site d'une personne dite "capacitaire". Un capacitaire est un agent titulaire d’un certificat de capacité garantissant la gestion des animaux, selon les espèces. Il en manque un au zoo de Pont-Scorff, couvrant en capacité l'ensemble des animaux, notamment les mammifères dangereux. Cela interdit de fait l'accueil du public.

Des visites sont constatées les 5 et 15 septembre. Tombe alors ce nouvel arrêté d'urgence.
 

Suite aux premiers éléments communiqués par lettre ouverte en date du 2 septembre et compte tenu que l’association Rewild qui exploite actuellement le zoo de Pont-Scorff ne remplit pas les conditions nécessaires à l’ouverture au public, le préfet du Morbihan a pris le 11 septembre un arrêté portant interdiction de l’activité de présentation au public du zoo.

Communiqué de la préfecture du Morbihan

 

Guerre de communiqués


Jeudi 17 septembre en fin de journée, l'Association fait à son tour paraître un communiqué. Elle s'y défend formellement d'accueillir des scolaires ou des centres aérés, mais précise que, "renseignements pris", il s'agit d'entretiens en vue de l'attribution de stages de réinsertion, auprès de prestataires du zoo.
 

Aucun scolaire, aucun groupe, aucun centre aéré n’a été reçu sur site suite à l’interdiction de visite émanant de la préfecture. Par contre le zoo fait appel à deux prestataires extérieurs qui encadrent des autistes ou des personnes fragiles (adultes jeunes et moins jeunes) en réinsertion. Ces intervenants extérieurs, sur site depuis près de 20 ans pour certains, ont une liberté de mouvement sur site encadrée par une convention pour exercer leur activité.

Association Rewild


Contactée plus tôt dans la journée, Lamya Essemlali, co-présidente de l'association Rewild expliquait : "Nous honorons des dettes dont nous avons héritées. Ces visites de septembre étaient actées de longue date, avant que nous rachetions le site". Et elle ajoute : "Nous ne sommes pas des apprentis-sorciers, nos soigneurs sont habilités à accueillir du public, pour les espèces dont ceux-ci s'occupent".

 
L'association déclare ensuite avoir envoyé dans la journée un courrier au préfêt du Morbihan, afin de déterminer si ces entretiens sont considérés par la préfecture comme des visites, auquel cas elle y mettra fin, "à regret".

Quant au capacitaire pour l'ensemble des animaux du site, ce que la DDPP réclame, Lamya Essemlali nous expliquait hier que "le poste était occupé jusque à fin juin par Olivier Thomas l'ancien directeur." (NDLR, devenu salarié de l'association en décembre dernier, mais actuellement en arrêt-maladie, et, avec sa soeur, en procès avec l'association). Lamya Essemlali conclut : "Nous sommes actuellement en négociation pour recruter quelqu'un". Peut-être de quoi apaiser la préfecture.
 

Le capacitaire, noeud du problème


Contacté jeudi soir, Jean-Michel Chappron nous le confirme : "L'absence d'un 'capacitaire mammifère'', habilité à gérer les animaux dangereux sur le site est, et reste, le problème principal dans toute cette affaire. C'est le point à régler en priorité, pour des question évidentes de sécurité. Pas de public, ou même de bénévoles dans l'enceinte du zoo tant qu'il n'y a pas au moins un agent dûment habilité à gérer les espèces dangereuses".

Et l'enceinte du zoo, selon la DDPP commence dès l'entrée du parc, comprenant restaurants, ateliers, bâtiments administratifs. Autrement dit, "un fauve échappé de son enclos fera peu de cas de la mention "pas de présentation animalière" sur votre ticket d'entrée au restaurant du zoo".  

Nous en parlons à Rewild depuis mars dernier, quand pointait pour fin juin la fin de l'habilitation capacitaire probatoire de Monsieur Thomas. Fin juin Rewild nous disait avoir un capacitaire, il n'y en avait pas. Depuis le début, nous perdons énormément de temps.

Jean Michel Chappron, DDPP du Morbihan


Jean-Michel Chappron insiste : organigramme, diplômes, et registre vétérinaire. "Nous ne sommes pas dans une logique d'accusation, il nous faut juste un organigramme du zoo, qui fait quoi, et avec quels diplômes, dont un capacitaire mammifère, c'est incontournable. Il nous faut un peu de rigueur dans le régistre vétérinaire, et pas trois cartons de documents en désordre, comme cela nous a été présenté en mars dernier. Ces documents sont importants, ce sont des indicateurs de la bonne santé du zoo." 

 

Procès en sorcellerie ?


L'association Rewild, qui a racheté le zoo de Pont-Scorff en décembre dernier, porte un projet inédit : transformer le lieu de captivité en centre de réhabilitation de la faune sauvage en vue de réintroduire le plus possible d'animaux dans leur milieu naturel. Un appel à la générosité a permis de financer ce projet. 
 
L'association Rewild a elle-même commandité un audit, qu'elle a transmis à la préfecture il y a un peu plus de trois semaines. Cet audit a selon Rewild mis au jour des manquements répétés dans la gestion du zoo depuis une dizaine d'années, avant l'arrivée de l'association aux commandes du parc.

L'association déplore surtout que la préfecture et sa Direction Départementale de la Protection des Populations exige une mise en conformité aussi brutale. "Qu'on ne nous impose pas de remettre aux normes en six mois des choses abandonnées depuis vingt ans", nous disait Lamya Essemlali la semaine dernière. "Une situation que les services de l'Etat ont couvert pendant des années..." a t-elle ajouté aujourd'hui.
 

La stratégie est un grand classique : discréditer Rewild dans les médias et semer le doute dans l'esprit de nos soutiens pour tenter d'étouffer ce que notre audit révèle sur les graves manquements et dérives que nous avons découverts dont, entre autres, des actes de cruauté, mutilations et mauvais traitements sur animaux.

Association Rewild


Le gérant du site, Jérôme Panson a publié une vidéo sur la page Facebook de l'association. Il tient à réfuter, "point à point", les reproches adressés par la préfecture depuis septembre. Si l'association admet un problème d'assainissement, sur une cuve, elle conteste les autres accusations de la DDPP, qu'elle juge "fantaisistes". 

Sur la question du capacitaire, Jérôme Pansu explique dans son allucution que l'association est en droit de s'en passer, comme "il n'est pas fait de présentation animalière au public, argument dont se sert la préfecture pour refuser l'attribution au zoo d'une prime Covid de 100 000 euros". Pas une question de sécurité, mais d'argent. Nouvel aiguillage dans cette affaire. 
 

L'association annonce vouloir présenter son audit à la presse d'ici quelques jours.

Affaire à suivre.

 
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