Au soir du premier tour, la députée En Marche de Quimper avait été claire : avec 13,75%, elle pouvait se maintenir, donc elle se maintiendrait. Mais le maire sortant de droite sait bien qu'une triangulaire lui complique sérieusement la donne, alors il a essayé de la convaincre de fusionner. En vain.
"C'était presque trop, la moitié de ma liste..." Où l'on apprend que dans les discussions de dernière minute qui ont eu lieu en fin de semaine dernière et ce week-end entre le maire sortant de Quimper (Agir), et la députée Annaïg Le Meur (LREM), Ludovic Jolivet a tout fait pour éviter une triangulaire. Tout, sauf l'essentiel : il ne lui a proposé ni le fauteuil de maire, ni celui de Présidente de l'agglomération (QBO). Alors, elle a décidé de tenir la parole qu'elle avait donné aux électeurs le soir du 15 mars : "se maintenir pour porter une autre idée de la politique". Et, en cas d'échec, rester députée.
"Des méthodes pas compatibles"
"Sur le fond, on était d'accord sur tout. Il avait accepté tout mon programme. Mais sur la forme, ce n'était vraiment pas possible". Dès la campagne du premier tour, émaillée de plusieurs polémiques, Annaïg Le Meur avait dénoncé la méthode Jolivet, "très, trop, personnelle voire autoritaire". Lui-même le reconnaissait : "Je suis rond, mais pas toujours en rondeur..."
Ce qu'elle lui reproche c'est de "n'avoir pas profité de cet entre deux tours à rallonge, pour changer de façon de gouverner : jamais on n'a été approchés, consultés ni sollicités pour participer à la gestion de la crise sanitaire".
"confortée par l'expérience d'Isabelle Le Bal"
Annaïg Le Meur a également rencontré Isabelle Le Bal (Modem) et sa liste Vent d'Ouest (5,91% au premier tour), "mais uniquement pour discuter programme, pas fusion de listes". Cette entrevue avec la première adjointe centriste sortante de Ludovic Jolivet, qui tire un bilan négatif de cette mandature, a conforté la députée sur "la difficulté à composer avec le maire sortant." Isabelle Le Bal qui, pour sa part, ne donnera pas de consigne de vote ; sa liste était diverse et "chacun votera en toute liberté au second tour" précise-t-elle.
La gauche favorite
La candidate En Marche a également souhaité rencontrer la candidate de gauche Isabelle Assih, arrivée en tête au premier tour avec 32,06%. "Simplement par esprit d'ouverture" explique Annaïg Le Meur. "Mais cela n'a pas été plus loin". Isabelle Assih confirme : " j'ai accepté de la recevoir mais il n'a jamais été question de fusion entre nous. Je suis contre la tambouille... Ma ligne : cohésion d'équipe et cohérence de projet."
La socialiste Isabelle Assih a créé la surprise et était rayonnante le soir du 15 mars, ayant selon elle "fait la preuve que sa méthode d'union au premier tour était la bonne". "Quimper Ensemble" qui rassemble des militants de différentes formations de gauche (PS, PC, Radicaux de gauche, Génération.s, Kemper écologie, Nouvelle Donne) et des citoyens non cartés est donc favorite pour ce second tour. Mais selon Isabelle Assih "rien n'est acquis" et elle préfère se dire "déterminée" plutôt que "confiante". Suffisamment confiante en tous cas pour n'entamer aucune négociation avec la liste EELV-UDB (7,04% au premier tour) en rappelant que 8 militants d'Europe Ecologie les Verts figurent déjà sur sa liste d'union.
Beaucoup d'inconnues
Restent plusieurs inconnues : la mobilisation, ou pas, des abstentionnistes du premier tour (60,4%), l'impact de la crise sanitaire, si elle demeure ou, au contraire, s'amenuise, et l'existence, ou pas, d'une "prime au sortant" pour cette gestion de crise "en solitaire" qui est reprochée à Ludovic Jolivet mais qui est désormais sans doute un de ses arguments de campagne. Et de se montrer beau joueur en postant sur facebook la photo de ses adversaires masquées le jour de la distribution organisée par la ville. C'était le 20 mai.
En ce 2 juin, Ludovic Jolivet a attendu l'heure limite de dépôt des listes pour envoyer un communiqué où il "prend acte du maintien d'Annaïg Le Meur, estimant avoir pourtant créé les conditions de l'ouverture et du rassemblement, en lui proposant une répartition quasi-paritaire des responsabilités". Pas suffisant apparemment pour que le maire "macron-compatible" et la députée "En marche" ne fassent route commune.