Les occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ont dit, lundi au cours d'une conférence de presse, attendre un "geste d'apaisement" du gouvernement, après le dépôt de 40 projets de régularisation comme le réclamait la préfecture. En attendant la situation est à nouveau tendue sur la ZAD.
C'est ce lundi 23 avril qu'expire l'ultimatum donné par l'exécutif aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes, la date à laquelle ils devaient avoir déposé leurs dossiers permettant de régulariser leur situation, sous peine d'être expulsés. Quarante dossiers ont été déposés, mais la situation est encore loin d'être réglée. Ce lundi matin, les forces de l'ordre sont à nouveau revenus en force, quelques affrontements ont repris. Deux semaines après les premières expulsions sur la ZAD, qui ont conduit à la destruction de 29 "squats" sur 97 habitats recensés par le gouvernement, des explosions de grenades ont encore retenti lundi dans le bocage nantais. "Quelques opposants font face aux gendarmes. C'est plutôt calme, c'est du face à face, sans heurts", a indiqué la gendarmerie. La route départementale 81, qui traverse la zone du nord au sud, n'est plus entravée par des barricades comme au début de l'opération de gendarmerie, qui mobilise quelque 2.500 militaires.
Un geste fort
"Un geste a été fait de la part des habitants de la zone. Ce n'est plus à nous de faire un geste, c'est très clairement au gouvernement de faire un geste pour prolonger l'apaisement qu'il semble souhaiter et que nous on souhaite. On attend un geste fort de leur part", a déclaré Baptiste, 33 ans, au cours d'une conférence de presse sur la ZAD.
40 dossiers déjà déposés
Une délégation d'occupants de la ZAD a déposé vendredi à la préfecture de Loire-Atlantique une quarantaine de projets nominatifs comme le demandait le gouvernement.
Si la préfète des Pays de la Loire Nicole Klein a souligné le "gros travail" des zadistes, la décision de poursuivre ou non les expulsions revient au chef du gouvernement.
"Depuis que le dossier a été déposé, il n'y a eu aucune communication gouvernementale qui allait dans le sens de l'apaisement. Donc on s'attend à la possibilité qu'ils reviennent intervenir...", a poursuivi Baptiste, artisan crêpier sur la ZAD. "On a jusqu'à la fin de la journée pour présenter de nouveaux projets ou les affiner. Un travail continue d'être mené sur ce plan là", a-t-il ajouté. Un "bureau permanent" affine, complète et clarifie les projets, ont indiqué les occupants.
Une démarche collective
"Si après le dépôt de ce dossier collectif comportant un ensemble de fiches nominatives, le gouvernement choisit tout de même la voix militaire pour régler ce conflit, ça veut dire qu'il est prêt à tuer (...) pour que les gens restent réduits au rang d'individus et ne puissent pas s'organiser ensemble à l'échelle d'un territoire", a estimé un jeune occupant aux cheveux bruns bouclés, se faisant appeler "Camille". Lors de la conférence de presse, plusieurs occupants ont rappelé que les projets déposés en préfecture étaient interdépendants et qu'il s'agissait d'une "démarche collective" pour le territoire.
"On demande qu'on nous laisse un laboratoire d'expérimentation sur la gestion du foncier et sur les questions d'agro-écologie", a expliqué Sarah, habitante de la ZAD.
Depuis le début des expulsions il y a deux semaines, quelque 2.500 gendarmes sont mobilisés sur la ZAD. Les forces de l'ordre ont essuyé cocktails Molotov, pierres ou bouteilles en verre, répliquant par le jet de 11.000 grenades, dont 10.000 lacrymogènes.