"On ne veut pas être sauvés, on veut travailler", l'amertume des commerçants bretons face aux annonces de Jean Castex

Malgré les appels de nombreux commerçants à plus de souplesse, Jean Castex a décidé de ne pas changer les règles du confinement durant les quinze prochains jours, au moins. Déception, frustration, résignation... Réactions de quelques gérants de commerces qui restent donc "non-prioritaires".
 


"Je ne me faisais pas d'illusions, mais ce soir, je suis encore plus déçu du manque de respect accordé à notre profession." Dominique Spenlehauer ne décolère pas. Le chef du restaurant 'Le Moulin à fouler' de Guingamp a écouté le Premier ministre avec attention. "Ça nous plonge encore plus dans le traumatisme. On est au bord du gouffre."



Une France à deux vitesses



Jean Castex l'a laissé entendre ce jeudi soir : les bars, restaurants et salles de sport ne sont pas prêts de rouvrir. "Il y a vraiment deux vitesses, dénonce Dominique Spenlehauer. On a tout fait : le plexi, le gel, la distance... Et pendant ce temps-là, dans les supermarchés, il n'y a pas de jauge, on ne désinfecte plus les charriots. Ce n'est pas de l'amertume que je ressens ce soir, c'est de la révolte !"
 

On a vraiment l'impression d'être les vilains petits canards de la société !

Dominique Spenlehauer, président UMIH 22

 

Seul dans son restaurant depuis le début du confinement, le cuisinier sait qu’avec ses plats à emporter il ne fera en novembre que 15% de son chiffre d’affaires. Il espérait rappeler dès que possible ses dix salariés, tous au chômage partiel. "La seule lueur d'espoir qu'il nous donne, c'est les vacances et les fêtes de fin d'année. On peut espérer, mais moi, je n'y crois pas" regrette celui qui est aussi président de l’UMIH des Côtes-d’Armor.
 


"On ne demande pas l'aumône, on veut juste travailler !"



Même son de cloche à Brest, auprès de Françoise Le Gall. "Je ne crois plus au Père Noël, et Jean Castex n'en a pas du tout la tête !"
Avant 18h et le discours du Premier ministre, la présidente des Vitrines de Brest, l'association des commerçants du centre-ville brestois, osait à peine formuler une hypothèse : "Et si on fermait les grands et qu'on ouvrait les petits ?" Sans trop d'illusions, elle a écouté le chef du gouvernement. "On va vers quelque chose de terrible, prévient-elle,  mais je ne lâcherai rien, je suis remontée !"
 

On ne veut pas être sauvés, on ne veut pas être aidés. On veut travailler !

Françoise Le Gall, présidente des Vitrines de Brest


Amère, la commerçante voit du mépris dans les choix du gouvernement : "On nous saupoudre des dizaines de milliers d'euros, des sommes qui sont énormes mais qui, rapportées à chacun de nos commerces, ne sont rien. Et je ne peux pas m'empêcher de penser que si on avait investi toutes ces sommes dans l'hôpital au bon moment, nous n'en serions peut-être pas là aujourd'hui."

Habituellement, elle fait dans sa boutique de luminaires et décoration, un tiers de son chiffres d'affaires en novembre et décembre. "En ce moment le click & collect, c'est symbolique. J'ai fait en dix jours ce que je fais en une journée. Heureusement, les clients sont là, ça donne du baume au coeur."
 


Tenter de rester positif



Mickaël Rault est lui fleuriste à Pontivy, dans le Morbihan. Il est aussi très agacé par la différence établie, et maintenue pour l'instant, entre les différents commerces. "Moi, je suis tout seul dans ma boutique, les clients ne touchent à aucune fleur. J'avoue que je trouve ça aberrant qu'au même moment, dans les grandes surfaces, les clients - qui sont nombreux dans les rayons - puissent toucher à tous les produits."

En tant que représentant des fleuristes de Bretagne, il veut rester positif : "Certes les fêtes de Noël ne seront pas comme les années passées, mais il faut espérer que les gens auront besoin de se faire plaisir et d'offrir des fleurs. Comme ce fut le cas à la sortie du premier confinement." 

Anniversaires, funérailles,... lui continue de travailler à distance, mais il craint pour la fin de l'année. "On s'adaptera, mais je pense beaucoup aux confrères qui vont y laisser des plumes malgré les aides."

 

Le 1er décembre, un moindre mal



Ce jeudi matin, quelques heures avant le point du Premier ministre, près de 80 commerçants avaient manifesté devant la sous-préfecture de Fougères pour demander la réouverture de leurs établissements jugés dans un premier temps « non-essentiels ».
Marc Lemancel, photographe à Saint-Aubin-du-Cormier, faisait partie de la délégation reçue par le sous-préfet. Il espérait "une ouverture le plus vite possible". Ce sera, au mieux le 1er décembre. "On croise les doigts pour faire partie de ceux qui auront peut-être le droit. Ce serait un moindre mal, même si les gens n'auront sûrement pas la tête à consommer comme avant."

L'amertume est bien présente dans la voix du photographe, qui est aussi délégué syndical de la FFPMI (Fédération Française de la Photographie et des Métiers de l'Image). "Ce n'est pas de la colère, mais nous sommes quand même inquiets. Les fêtes de fin d'année nous permettent habituellement de faire des réserves pour le début de la suivante. Là, on risque de mal commencer."

 


Parmi les assouplissements demandés ce jeudi à a sous-préfecture de Fougères : l’ouverture partielle des commerces du lundi au vendredi, avec un à deux clients sur rendez-vous. Rien de tout cela n'est encore possible. "C'était une main tendue..." Une tentative d'assouplissement de règles. Peut-être seront-elles retenues quand l'heure de la réouverture viendra...






 
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