Vu de l'Ouest. Dessertes des îles : le lien indispensable

Par délégation de service public, la Bretagne dessert 9 îles avec une flotte de 17 bateaux et plus de 2,8 millions de passagers. Mais aux beaux jours, ces lignes sont concurrencées par des sociétés privées. Exemple dans le Finistère et en Vendée.

Faute d'attractivité suffisante et d’opérateurs privés intéressés, les Régions Bretagne et Pays-de-la-Loire assurent par délégation de service public les liaisons maritimes vers les îles à longueur d'année.

La Bretagne dessert neuf îles avec une flotte de 17 bateaux, et achemine plus de 2,8 millions de passagers. En Pays-de-la-Loire, c’est la compagnie Yeu-Continent qui assure le transport public sur l’île d’Yeu toute l’année et transporte plus de 422 000 voyageurs, insulaires, résidents secondaires et touristes.

Aux beaux jours, ces lignes service public sont concurrencées par des sociétés privées, comme dans le Finistère et en Vendée.
 

Continuité territoriale


Tous les jours de l’année, le Enez Sun III quitte Audierne pour rallier l’île de Sein, à une quinzaine de kilomètres au large. Tous les jours ou presque, car l’équipage, composé de cinq hommes et du capitaine, met un point d’honneur à assurer la desserte. "La notion de continuité territoriale prend tout son sens en hiver", affirme le Capitaine Damien Decré.
 

Malgré les fortes tempêtes depuis janvier, les annulations se comptent sur les doigts de la main. Mais le bateau a dû s’adapter : une rotation sur cinq a été déplacée depuis le début de la saison.

Le bateau appartient à la Compagnie Penn ar Bed, filiale de Keolis qui assure les liaisons quotidiennes vers les îles de Sein, Molène et Ouessant, dans le cadre d'une délégation de service public. Une compétence passée du département à la région Bretagne en janvier 2017.

Quelque 336 000 passagers ont voyagé avec cette compagnie l’an dernier. La société compte six bateaux dont un navire qui se charge du fret. Car tout ce qui est livré sur les îles passe par le bateau : courrier, produits frais, matériaux de construction… L’an dernier, 11 000 tonnes de marchandises ont été acheminées sur les trois îles du Finistère.

 
Par délégation de service public, la Bretagne dessert 9 îles avec une flotte de 17 bateaux et plus de 2,8 millions de passagers. Mais aux beaux jours, ces lignes sont concurrencées par des sociétés privées. Exemple dans le Finistère et en Vendée. Intervenants : - Damien Decré, capitaine de l'Enez Sun III- Compagnie Penn ar Bed ; - Dominique Salvert, maire de l'Ile de Sein ; - Yannick Cadoret, Compagnie Vendéenne ; - Philippe Grall, directeur de la compagnie Penn ar Bed ; - Pierre Portais, responsable du centre nautique ; - Stéphane Le Golvan, patron du Quai Sud. Reportage : C. Louet / G. Bron / E. Soulard / D. Raveleau / J.-F. Barré / J. Abgrall

Rotations hebdomadaires


Le bateau, véritable cordon ombilical entre les îles et le continent alimente souvent les conversations des îliens et rythme leurs journées. Les insulaires réclament depuis de nombreuses années une rotation hebdomadaire au départ de Sein afin de leur permettre d’effectuer des démarches sur le continent ou de se rendre à des rendez-vous médicaux sans devoir passer une nuit à terre.

Ouessant, qui bénéfice déjà de ce type de liaison le vendredi, en souhaite une deuxième en milieu de semaine. Mais cela a un coût. Le directeur de la Penn ar Bed précise que faute d’un port suffisamment abrité, le Fromveur à Ouessant a été contraint une fois sur deux de regagner le continent le soir avant de repartir tôt le matin pour assurer ce départ de l’île.
 

Concurrence


À partir du mois d’avril, la compagnie Penn ar Bed est concurrencée par une société privée, la Finist’mer qui propose les mêmes rotations, à un tarif parfois inférieur de quelques euros.

C’est aussi le profil de la Compagnie Vendéenne qui se positionne dès le mois d’avril sur les liaisons vers l’île d’Yeu et Noirmoutier, concurrençant directement Yeu-Continent qui assure toute l’année le transport public des passagers et des marchandises. 423 000 voyageurs pour le public, 236 000 pour la société privée qui selon son directeur commercial, Yannick Cadoret, offre une saine alternative, là ou une seule compagnie publique ne suffirait pas à absorber le trafic.

Les bateaux privés, plus petits, moins gourmands en personnel et en gazoil, ont toutefois une limite : "Les navires de la compagnie publique passent par tous les temps,  alors que nos propres bateaux sont parfois limités par les conditions météo".
 

Manque à gagner


Cette concurrence entraîne un manque à gagner significatif pour le secteur public, selon le directeur de la Penn ar Bed qui emploie 80 personnes dont 50 marins en hiver et une centaine de personnes en haute saison. "Nous réalisons 80 % de nos recettes en juillet et août. Une saison réussie est un gage de meilleurs services rendus pour les insulaires hors saison".

Rentables en été, les dessertes le sont nettement moins sur l’année complète. La Région Bretagne verse 5 millions d’euros de subventions pour équilibrer les comptes de la Penn ar Bed qui de son côté engrange 4 millions d’euros de recettes par an.

La Région verse au total 5,6 millions d’euros pour les 9 îles bretonnes et investit 2,5 millions d’euros par an pour le renouvellement de la flotte. Le nouveau bateau pour Groix vient d’être inauguré. Le prochain navire construit devrait être destiné à l’île de Sein.
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