Un septuagénaire a été condamné par le tribunal correctionnel de Nantes pour agression sexuelle, comme des baisers sur la bouche, envers sa petite-fille d'origine éthiopienne, prétextant une coutume bretonne.
Un septuagénaire habitant La Baule a été condamné ce mercredi à douze mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Nantes pour les "agressions sexuelles" qu'il avait imposées en 2017 à sa petit-fille adoptive, dans sa maison de Sainte-Luce-sur-Loire et sa résidence secondaire de La Baule (Loire-Atlantique).
Raymond Quétel, 73 ans, devra verser en conséquence 2.500 € à cette adolescente âgée aujourd'hui de 14 ans, et 800 € à chacun de ses deux parents. Il devra également payer à son fils et à son épouse 700 € supplémentaires de frais de justice.
Le nom du retraité sera également inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (FIJAIS), ce qui lui imposera de pointer tous les six mois au commissariat de police ou la brigade de gendarmerie la plus proche de son domicile.
Il était précisément reproché au grand-père d'avoir "mis la main sur la poitrine" de cette pré-adolescente d'origine éthiopienne, ou encore de l'avoir embrassée sur la bouche au motif que "c'est comme ça qu'on fait en Bretagne".
On s'embrasse sur la bouche "à Pontivy", selon l'accusé
"Je ne suis pas avisée de cette coutume", a ironisé à l'audience la présidente du tribunal correctionnel de Nantes. "Je sais qu'il y a des Bretons dans la salle, et que eux non plus...".
Marié depuis cinquante-trois ans et père de cinq enfants, le retraité lui a pourtant assuré avoir vu de telles pratiques dans sa belle-famille "à Pontivy". Mais, pour les faits qu'il avait commis dans le garage de sa résidence secondaire de La Baule, c'était en fait "un accident", s'est-il défendu mercredi.
Ce septuagénaire - dont la femme était assistante maternelle - a aussi reproché à sa petite-fille, au cours de la procédure, de l'avoir "allumé". "Un autre jour, elle était aussi collée à mon beau-frère de 75 ans... Je l'ai d'ailleurs dit à Raymonde, ma femme", a-t-il cru bon de préciser. "Du coup, elle a demandé aux enfants d'avoir une tenue plus décente."
"Quand on était en pyjama, il ne nous regarde pas dans les yeux, il regarde nos seins", avait toutefois confié la victime aux enquêteurs, au sujet d'elle et de sa soeur.
La collégienne avait en fait pris conscience de la gravité des faits en cours de Sciences et vie de la terre (SVT), quand son professeur avait rappelé que de tels attouchements étaient interdits.
"Avant cela, notre fille, c'était le clown de la famille... Depuis, à l'école, ils l'appellent la chialeuse : elle pleure pour un rien", a témoigné sa mère, à la barre du tribunal correctionnel de Nantes.
"Elle nous a aussi envoyé des SMS, dans lesquels elle disait vouloir se suicider... Depuis, on l'a hospitalisée en pédiatrie et elle est traitée depuis peu par la méthode de l'EMDR [Eye Movement Desensitization and Reprocessing, forme d'hypnose pour occulter les traumatismes, ndlr]."
Il adore les enfants
Jusqu'alors inconnu de la justice, Raymond Quétel n'a semble-t-il lui pas été trop traumatisé : il avait obtenu un premier renvoi de son procès, il y a quelques mois, par l'intermédiaire de son avocate, en raison de la coûteuse "croisière autour du monde" qu'il avait commandée, avant que son contrôle judiciaire ne lui interdise de quitter la France.
"Vous avez beaucoup de chance, monsieur : cela méritait un placement en détention provisoire", l'a sermonné la présidente.
Le septuagénaire est également papa d'un petit garçon de 10 ans, qu'il a eu hors mariage avec une Thaïlandaise. "Quand j'étais gamin, j'ai toujours rêvé d'avoir une femme asiatique", a-t-il justifié à l'audience. "Et j'adore les enfants, c'est pour ça que j'en voulais un autre."
Il a néanmoins arrêté d'aider financièrement sa maîtresse à cause de "la mentalité des femmes thaïlandaises" qui "aiment beaucoup l'argent", a-t-il précisé. Il avait aussi "su par internet" que la mère de son fils, âgée aujourd'hui de 46 ans, s'était "mariée avec un Suédois", ce qui lui a semble-t-il déplu.
La procureure de la République avait réclamé dix-mois de prison avec sursis à son encontre, alors que son avocat plaidait sa relaxe : il n'y avait "aucun élément qui permettait de connoter le caractère sexuel" de ses bisous sur la bouche.