Ils sont facteur, surveillant de collège ou encore aide à la personne et ont décidé de passer leur baccalauréat. Anne-Sophie Lévy-Chambon, réalisatrice, a suivi ces hommes et ces femmes qui jonglent avec emploi et cours du soir pour réaliser leur rêve : avoir le bac. Un film à voir sur france.tv
Pères et mères de famille, ces hommes et femmes occupent pour la plupart déjà un emploi. Pour autant, chaque soir, de 18 à 22 h, ils se rendent au Lycée pour adultes à Paris, pour étudier en vue de passer leur baccalauréat.
Voici les trois raisons de voir ou revoir " Passe ton bac d'abord ", un film inspirant d'Anne-Sophie Lévy-Chambon.
1. Décrocher une clef vers la vie professionnelle
Ramin est Afghan et n'a jamais été à l'école. "J’ai grandi en Iran, je n’avais pas de papiers donc ma présence était tolérée, mais c’était illégal. Je suis allé à l’école coranique mais jamais à l’école classique. "
Arrivé en France à 17 ans, Ramin rentre dans la légion étrangère où il apprend à parler français. Après 7 ans dans l’armée, il a cherché du travail.
S'il reconnaît le rythme soutenu qu'engendre le fait de passer le bac en ayant un emploi, il ne ménage pourtant pas ses efforts pour apprendre. " C’est agréable d’apprendre. Quand on dit en français que la pièce de 5 centimes que l’on trouve par terre, c’est le début de la richesse ; dans un sens, je compare ça au bac, c’est le début d’un parcours professionnel. Sans le bac, c'est assez compliqué. "
Si Ramin aspire aujourd'hui à passer un baccalauréat scientifique, c'est dans l'espoir de changer de métier. " J’ai pour projet d’intégrer une école d’ingénieur, mais aujourd’hui ça reste au niveau d’un fantasme. "
2. Prendre une revanche sur la vie
Nissaillemonie a décroché scolairement en classe de première à cause du harcèlement moral qu'elle subissait de la part de ses camarades. Depuis la naissance de ses enfants, elle a décidé de reprendre sa scolarité là où elle l'avait laissée.
Plus qu'un diplôme, elle voit dans le baccalauréat, un moyen de prouver à sa famille, son père, et à elle-même, qu'elle est capable de réussir. " D’être restée assidue jusqu’au bout, je suis déjà fière de moi, c’est déjà une victoire. Globalement, je suis heureuse de pouvoir rendre ma famille fière de moi. "
À en croire ses dires, c'est peut-être un moyen de prendre sa revanche sur ses harceleurs et de surmonter le traumatisme. " J’ai arrêté de parler avec mon père pendant trois ans parce qu’il ne savait pas que je me faisais harceler. Il pensait que j’étais une feignante et j’ai fini par le croire aussi parce qu’à l’époque, on ne parlait pas du harcèlement. On ne savait pas ce que c’était et puis il faut le prouver aussi. Donc, j’ai vécu comme ça depuis 10 ans. "
3. Pour le plaisir d'un accomplissement personnel
Sokhom est Cambodgienne. Arrivée en France à l’âge de 8 ans, elle n’a jamais cessé de travailler. Aujourd’hui, elle s’occupe des personnes âgées. À 59 ans, elle est la doyenne du lycée. Quand elle est arrivée en France, elle ne savait ni lire ni écrire, car au Cambodge, les filles ne vont pas à l'école.
Obtenir le bac ne changera pas sa vie mais lui procurera beaucoup de plaisir et de satisfaction. " Quand je suis venue en France, je n’ai jamais été scolarisée et quand j’ai su qu’on pouvait passer son bac j’ai dit pourquoi pas. "
Sokhom a soif d'apprendre. Aussi, pour elle, ce qui est important c’est tout simplement d’aller à l’école. " Je découvre quelque chose que je n’ai jamais vécu. Pour moi, l’école c’est sacré. "