"Des menaces inacceptables et disproportionnées", juge le ministre des affaires étrangères de Jersey. Il réagit aux menaces de Clément Beaune de couper l'approvisionnement en électricité des îles anglo-normandes en représailles du faible nombre de licences de pêche accordées aux pêcheurs français.
Le ministre des Affaires étrangères de Jersey, Ian Gorst, a dénoncé jeudi les menaces "inacceptables" et "disproportionnées" de la France qui a laissé entendre qu'elle pourrait couper l'alimentation électrique de l'île anglo-normande en raison du différend sur la pêche.
"Cette menace de couper l'électricité est disproportionnée, serait en violation du traité commercial (post-Brexit, ndlr) et serait inacceptable", a déclaré Ian Gorst, au cours d'une visioconférence avec la presse. Cela reviendrait à couper la fourniture d'énergie à 108 000 îliens, à notre hôpital et à nos écoles."
"Je ne pense donc pas que ça arrivera", a-t-il ajouté, tout en assurant que Jersey avait un plan de secours au cas où cette menace serait mise à exécution.
La France fournit l'électricité des îles anglo-normandes
Ce mardi 5 octobre, le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, avait agité la menace de l'arme énergétique vis-à-vis des îles anglo-normandes qui sont alimentées en électricité depuis la France.
La tension est liée à l'attribution de licences aux pêcheurs français, jugée insuffisante par Paris. L'île anglo-normande de Jersey a annoncé le 29 septembre l'octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet de 75 dossiers.
Nous ne pouvons pas fournir des licences si nous n'avons pas les informations.
L'accord post-Brexit prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d'obtenir une licence, accordée s'ils peuvent prouver qu'ils y pêchaient auparavant. "Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour permettre à des licences d'être attribuées à des bateaux qui peuvent prouver qu'ils ont pêché dans nos eaux et nous continuons de le faire", a assuré M. Gorst.
"Mais nous ne pouvons pas fournir des licences si nous n'avons pas les informations et les preuves montrant que ces bateaux respectent les termes de l'accord commercial", a-t-il ajouté. Pour les bateaux qui ne peuvent pas fournir de données GPS, M. Gorst a indiqué que l'île acceptait "les données de journal de bord" remplies par les pêcheurs français quand ils travaillaient dans les eaux de Jersey.
"Que le blocage soit à Paris, Bruxelles ou Westminster, nous restons prêts à recevoir ces données"
"Nous avons été très clairs sur le fait que nous examinerions un large spectre de données disponibles afin de prouver cette antériorité", a ajouté le ministre,
estimant que le conflit était essentiellement un "problème technique". M. Gorst a ainsi évoqué le cas de pêcheurs qui pensent avoir envoyé plus de documents
par la voie officielle que ce que les autorités de Jersey ont reçu. "Que le blocage soit à Paris, Bruxelles ou Westminster, nous restons prêts à recevoir ces données", a-t-il assuré.