Le conflit sur les licences de pêche accordées par l'ile anglo-Normande Jersey aux pêcheurs français. Le Premier ministre Jean Castex a "saisi" la présidence de la Commission européenne ce mardi. Londres réplique en affirmant avoir respecté l’accord post-Brexit sur la pêche. Les présidents de région Bretagne et Normandie se réunissent ce mercredi.
La tension monte encore entre Français et Britanniques. Ce mardi 5 octobre, le Premier ministre Jean Castex a réclamé l'appui "plus ferme" de Bruxelles et menacé de remettre en cause les coopérations bilatérales avec le Royaume-Uni.
Il a demandé à la présidence de la Commission européenne d’être "plus ferme" avec Londres, rappelant qu'il incombe à Bruxelles de "veiller au respect du terme de l'accord" du Brexit.
L'île de Jersey avait annoncé mercredi 29 septembre accorder 142 licences à des bateaux français, et en refuser 75, provoquant la colère et l'incompréhension des pêcheurs français, notamment normands et bretons.
Confirmant les propos de la ministre de la Mer, Annick Girardin, du 1er octobre dernier, le chef du gouvernement a aussi remis en question, "s'il le faut les coopérations bilatérales que nous avons avec le Royaume-Uni". Il a évoqué une situation "intolérable".
Licences de pêche refusées à des bateaux français dans le cadre du #Brexit : "La Grande-Bretagne ne respecte pas la signature qu'elle a elle-même donnée", déclare @JeanCASTEX.
— LCP (@LCP) October 5, 2021
> Le Premier ministre saisira, si cela est nécessaire, "le panel arbitral de l'accord".#DirectAN pic.twitter.com/iBg9mrABSV
L’accord post-Brexit malmené
L'accord post-Brexit, conclu in extremis à la fin de l'année dernière entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d'obtenir une licence, accordée s'ils peuvent prouver qu'ils y pêchaient auparavant.
Le 29 septembre dernier, l'île anglo-normande de Jersey avait annoncé l'octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet de 75 dossiers. La veille, Londres avait accordé 12 autorisations supplémentaires dans ses eaux, dans la limite des 6 à 12 milles nautiques de ses côtes (contre 87 demandées).
Londres riposte
"Il faut garder le sens de la mesure", a répliqué mardi le ministre du Brexit, David Frost, avec un flegme tout britannique. Selon lui, les Français sont malhonnêtes en se concentrant sur une petite catégorie de bateaux.
Nous avons accordé 98% des licences demandées par des bateaux européens pour pêcher dans nos eaux. (...) Nous n'acceptons pas d'être accusés de ne pas respecter l'accord.
La ministre de la mer aux côtés des pêcheurs
Annick Girardin continue de montrer sa détermination. Ce mardi 5 octobre, une nouvelle réunion s’est tenue avec les représentants de la filière pêche. "Nous avons maintenu nos prétentions sur le nombre de licences demandées car elles sont justifiées", a indiqué Jean-Luc Hall, directeur général du Comité national des pêches maritimes.
#Brexit | 15 jours pour obtenir les licences de pêche définitives dans le bras de fer engagé avec le Royaume-Uni. Voici mon calendrier de travail. Le plan d'action est clair : rassembler nos partenaires et engager la riposte nécessaire ! @gouvernementFR #IWantMyLicensesBack pic.twitter.com/YhOXYicbOX
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) October 5, 2021
Ce mercredi, la ministre de la Mer va rencontrer des parlementaires nationaux et européens, ainsi que les conseils régionaux, départementaux et les maires concernés.
Lundi 11 octobre, elle doit rencontrer à Luxembourg les ministres européens de la pêche, puis le Commissaire européen en charge de la pêche à Bruxelles, et échanger sur les mesures de rétorsion européennes.
La bataille navale est loin d’être terminée.