Qui est vraiment Xavier Beulin, le très contesté président de la FNSEA?

Bon orateur, omniprésent dans les médias, Xavier Beulin, 56 ans, le puissant patron de la FNSEA est aussi à la tête d'un colosse de l'agro-industrie, ce qui lui vaut de nombreuses critiques. Jeudi, lors de la manifestation des agriculteurs à Paris, il s'est fait huer par les siens.

Yeux turquoise, costume impeccable et teint mat, Xavier Beulin porte de multiples casquettes. Associé avec son frère et deux cousins, l'agriculteur, marié et père d'un fils, co-dirige une exploitation de céréales (colza, tournesol, blé, orge) d'environ 500 hectares au sud-est d'Orléans. Mais il n'y est pas souvent, vu ses activités. Contrairement à ce qu’il avait promis lors de son accession à la tête de la FNSEA, il a conservé la plupart de ses autres mandats, selon Libération

L'homme qui pesait 7 milliards d'euros

Il préside par exemple, le port de commerce de La Rochelle – deuxième port français pour l’exportation de céréales, le conseil économique et social régional (CESER) du Centre. Surtout, il est à la tête d’un empire agro-industriel et financier appelé Avril (ex Sofiprotéol). Ce mastodonte pèse 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, regroupe plus de 150 sociétés. Ce sont les huiles Lesieur et Puget ou les œufs Mâtines. C'est aussi l'alimentation animale, avec Glon Sanders. comptes en 2012) etc etc... Le président de la Coordination rurale (marquée à droite), Bernard Lannes, a annoncé que sa formation se "désolidarisait totalement du déploiement de force du roi Beulin avec sa casquette de groupe à 7 milliards", allusion au chiffre d'affaires d'Avril.

Vision productiviste de l'agriculture de demain

Il paraît que c'est un gros travailleur, réputé aussi à l'aise avec les problèmes concrets des agriculteurs que dans les négociations à Bruxelles. Une "erreur fondamentale" serait de ne pas prendre le temps de réfléchir à une nouvelle orientation de l'agriculture française pour les 20-30 prochaines années, expliquait-il fin juillet. Il faut "privilégier une agriculture qui reste à taille humaine, tout en regroupant les moyens de production" pour rester compétitif face à nos voisins européens, plaide-t-il. Une vision basée sur des exploitations plus grandes, qui ulcère ses détracteurs. La Confédération paysanne en particulier, marquée à gauche, voit en lui le promoteur de fermes-usines qui laisseraient à terme des milliers d'agriculteurs sur le carreau. "L'agriculture est dans le mur, ca fait 40 ans qu'on essaie le même modèle, appuyé par la FNSEA, il faut changer", a encore martelé jeudi Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, partisan d'une agriculture moins productiviste, reposant sur des "critères de qualité" plutôt que de volume.

Pas de tabous : OGM, fonds privés....

 Avec le temps, Xavier Beulin hésite de moins en moins à utiliser des mots tabous dans l'agriculture française: "compétitivité" ou "OGM", sur lesquels il voudrait rouvrir le débat. Le syndicaliste tente aussi d'introduire dans le débat agricole des concepts jusque-là réservés au domaine financier, comme la titrisation, qui pourrait permettre à des fonds d'investir davantage dans l'agriculture. Chahuté à quelques reprises par des éleveurs durant des manifestations cet été, il est resté stoïque. "C'est Le Foll (ministre de l'Agriculture, ndlr) qui aurait dû être à ma place", avait-il glissé sous les sifflets et les jets de nectarines de jeunes agriculteurs.

Si l'on estime que le président de la FNSEA n'est plus représentatif, il quitte son poste et il y a en a d'autres qui prendront la place


Jeudi, à Paris, il a été hué et sifflé par les manifestants.

"Vendu!", "Démission!", "On va mettre le feu!", ont réagi certains agriculteurs, surtout bretons, au discours du patron de la puissante FNSEA, lors de leur rassemblement à Paris jeudi 3 septembre. Les Jeunes agriculteurs du Finistère, ont décidé de rentrer en Bretagne, avec des drapeaux de la FNSEA en berne, sur leur tracteur. Interrogé sur sa légitimité après cette manifestation parisienne, Xavier Beulin a indiqué à la radio BFM Business: "Si l'on estime que le président de la FNSEA n'est plus représentatif, il quitte son poste et il y a en a d'autres qui prendront la place", ajoutant qu'il n'attendait "pas après ça pour vivre".
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