Le poulpe est de plus en plus présent dans les eaux bretonnes. A la criée de Quiberon, les pêcheurs en ramènent 15 fois plus que l'an passé. Ce céphalopode menace d'autres espèces telles que les coquilles Saint-Jacques.
Il est 3h30 à Quiberon. Rémy et Anthony, deux agents de marée à la criée doivent trier près de 400 kg de poulpes debarqués d'un bateau la veille, lundi 16 août. "On les trie par taille. Les plus gros coûtent plus cher. Je n'avais jamais trié autant de poulpes, c'est une première." En ce moment, ils voient passer davantage de poulpes que de poissons ou de crustacés.
Olivier Le Gurun, patron pêcheur capture homards et tourteaux au large de Belle-Ile-en-Mer. A son goût, ils se font un peu trop rares. La faute au céphalopode... "Le poulpe rentre dans le casier et mange tout ce qu'il y a, même l'appât. Cela nous inquiète, surtout pour la pêche aux coquilles Saint Jacques. Normalement, nous ramenons 60 kilos de homards par jour, contre 25 aujourd'hui. Pour les tourteaux, c'est 600 kilos par jour en temps normal contre 70 kilos aujourd'hui."
Le poulpe rentre dans le casier et mange tout ce qu'il y a, même l'appât. Cela nous inquiète, surtout pour la pêche aux coquilles Saint Jacques.
Du 1er janvier au 17 août 2020, les pêcheurs de la criée de Quiberon ont ramené 880 kilos de poulpe. Cette année, à la même période, ils en ont pêché 15 fois plus : près de 15 tonnes. Du jamais vu.
Ce mardi 17 août à la criée de Quiberon, 554 kilos de poulpes ont été vendus. Pêcher autant de céphalopodes est inhabituel pour la profession, ils vendent plutôt du homard à cette période de l'année.
Le poulpe fait l'affaire des pêcheurs
Désormais, le céphalopode trône sur les étals des poissonniers bretons à côté des lottes et des langoustines.
Heureusement, les poulpes trouvent preneur à bon prix. Tous les matins à 5h30, David Hybois, responsable d'exploitation de la criée de Quiberon constate que des poissonniers et mareyeurs, loin de la Bretagne, achètent des poulpes via internet.
80% de ces poulpes sont ensuite vendus à l’Espagne, pour les fameux tapas tels que les "pulpo a la gallega" mais aussi à l'Italie. Deux pays méditérranéens "friands du céphalopode, ce qui est le moins le cas par chez nous en Bretagne", constate David Hybois.
Un prédateur en chasse un autre
En envahissant les mers bretonnes, le poulpe mange les petits poissons, les crustacés ou encore les coquilles Saint-Jacques qui y vivent d'habitude paisiblement.
Les pêcheurs sont inquiets pour la prochaine saison, d'autant plus qu'ils n'expliquent pas le phénomène. "Conséquence du réchauffement climatique ou absence de prédateurs", ils avancent plusieurs hypothèses : Le pouple est un prédateur, et il gagne de plus en plus les mers bretonnes depuis que les requins et les congres (anguilles de mer) les fuient.