Randonnées : Nordique, Botanique ou Afghane, toutes les marches se pratiquent en Bretagne !

Connaissez-vous la marche afghane, les randonnées aromatiques, les balades contées, ou encore la marche nordique ? Le documentaire "Bretagne pas à pas" d'Anne-Sophie Lévy-Chambon nous emmène sur les chemins de randonnée, de Brocéliande jusqu'aux Monts d'Arrée, avec les experts de ces disciplines, en plein cœur de notre patrimoine breton.

La Bretagne est une terre de marche, elle compte plus de 6 500 km de sentiers balisés, dont le plus emblématique est le GR 34 appelé le sentier des douaniers qui s'étend sur 2000 Km, le long des côtes.

Pour découvrir les sentiers de l'intérieur, nous avons la chance d'avoir différentes manières d'appréhender la marche. Ses bienfaits ne sont plus à démontrer. Il reste à trouver celle qui correspond à nos envies.

Et ce sont toutes ces façons de marcher qu'explore Anne-Sophie Lévy Chambon dans son documentaire "La Bretagne pas à pas" à découvrir ce jeudi 23 février à 22h50 sur France 3 Bretagne ou en une de cet article et dès maintenant EN CLIQUANT ICI. 

Connaissez-vous la bonne façon de marcher ?

Avant de partir sur les sentiers, une première question : y a-t-il une bonne manière de marcher ? Sur la plage Bonaparte, dans les Côtes-d'Armor, Jacques-Alain Lachant, ostéopathe, en est sûr. Il apprend aux marcheurs à bien marcher. Car le saviez-vous, 85% des problèmes de dos sont liés à une mauvaise démarche. Pour réapprendre à bien marcher, rien de telle qu'une plage, à marée basse, sur le sable fin et dur, la plage est l'endroit idéal pour la rééducation. La marche sollicite tous les muscles du corps. Il faut savoir que 85 % d'entre nous ont des problèmes de dos, liés à une mauvaise démarche. 

 La bonne marche est toujours belle à voir. C'est une marche légère, on se sent bien, c'est comme une danse.

Jacques-Alain Lachant,

ostéophate

Tro Breizh, marche de l'intérieur

Cette bonne démarche acquise, direction les sentiers bretons. Et pour commencer la Bretagne intérieure. Arnaud Lampire est guide du Tro Breizh, qui signifie en breton " le tour de la Bretagne". Un sentier de 2000 km qui relie les sept saints fondateurs de la Bretagne. Un peu comme les itinéraires de Compostelle ou le GR 70 Stevenson, le Tro Breizh est un sentier historique. Ce chemin à travers bois et terres agricoles reliait les villages les uns aux autres, creusé par le passage des bêtes et des tombereaux.

Les marcheurs sont guidés jusqu'à la Chapelle de Saint-Jacques à Tréméven, où trône la statue de l'apôtre Saint Jacques. Elle est sculptée en terre de Kersanton, qui a la particularité d'être une terre très tendre, plus malléable que le granit. 

Pour Arnaud Lampire, les randonnées sur le sentier du Tro Breizh, sont des quêtes de pèlerinage.

" Elles permettent de se retrouver avec soi-même, ou de se guérir de quelque chose" dit-il. " Tro Breizh est un chemin de l'intérieur des terres, mais aussi de l'intérieur de soi-même". 

Je marche pour connaître les chemins, et découvrir la beauté des arbres et des ruisseaux, car ce sont les empreintes de nos ancêtres

Une marcheuse du Tro Breizh

Baie de Saint-Brieuc, marche nordique

Pour une marche moins spirituelle et plus sportive, il y a la marche nordique. Et pour cela, la Baie de Saint-Brieuc, sur le sentier du GR 34, est un parcours idéal, car il offre des dénivelés. 

Il faut aimer la marche tonique, aller vite, et avoir l'esprit de compétition, pour parcourir 5 à 6 km à l'heure. 

Jean-Luc,

marcheur

Sandra Géant est coach sportif: " Si la technique est bonne, il n'y a pas de blessure " précise Sandra. La marche nordique se pratique avec des bâtons et fait travailler tout le corps de la tête aux pieds en passant par les abdos. C'est une marche qui coordonne les bras et les jambes. Il est essentiel de "bien lancer les bras, pour bien faire marcher les pieds" dit-elle.

Mais elle ajoute que "le but principal du jeu, c'est de s'évader en pratiquant la marche dans la nature".

Forêt de Brocéliande, marche des légendes

Et pour s'évader, dans un autre genre, pourquoi pas la forêt de Brocéliande. Les arbres et les sentiers nous invitent à découvrir les légendes. Jessica Moulinet est guide et conteuse. Elle connait tous les secrets de la forêt et embarque le marcheur au rythme d'un kilomètre par heure, dans cette nature magique. Sur les chemins mousseux et tortueux, elle raconte les contes et les légendes. Une façon de voir le paysage autrement et de mettre à portée de chacun Merlin l'Enchanteur, Viviane, Morgane, le miroir aux fées et l'arbre d'or, autant de symboles légendaires.

" On connaît les promenades pour rencontrer des gens ou découvrir le paysage, mais cette fois, on est à la rencontre des légendes" témoigne un marcheur.

Nous sommes les ambassadeurs de la forêt, à chacun sa manière de la préserver.

Jessica Moulinet,

guide et conteuse

Paimpont, marche vertueuse

Il y a environ 1000 espèces de plantes différentes dans la forêt de Brocéliande. Auriella Mabire est herboriste et guide. Passionnée, elle accompagne les marcheurs près du lac de Paimpont. La balade de 4 km est accessible à tous. Entre rêve, mystique, sorcellerie, féerie, magie, les plantes prennent un sens très singulier. Dites médicinales, elles apaisent et relaxent le mental. Auriella crée, en marchant, un lien avec ces plantes aux vertus curatives et bienfaisantes. " Ainsi, le marcheur découvre l'essentiel naturel, dont nous sommes si facilement séparés ", précise-t-elle. 

On ne transmet pas de connaissances, on transmet des rencontres, pour une relation vertueuse avec notre environnement.

Auriella,

herboriste et guide

Huelgoat, marche du chaos

Autre lieu de légendes... Huelgoat est au cœur du parc naturel de la région Armorique. Au cours des siècles, la forêt a développé une tradition de mythes et de légendes nées de l’imagination des hommes. Nos ancêtres avaient l’habitude de peupler les forêts de créatures qu’engendraient leurs rêves, leurs peurs et leurs croyances.

Pierre, le guide, promène ses marcheurs au cœur du chaos. Il faut se glisser derrière ces gros blocs de granit recouvert de végétaux et de minéraux, pour que le spectacle de la forêt s'ouvre à tous. La légende de ces gros blocs ronds raconte que la colère de Gargantua en est l'origine. Selon elle, le colérique Gargantua, aurait jeté des cailloux sur le village d'Huelgoat, mécontent d'avoir été nourri de la traditionnelle bouillie d'avoine que l'on servait à l'époque. 

La mousse qui recouvre les rochers, met un peu de douceur dans cet endroit.  Et pour laisser place à l'émotion, Pierre fait une pause et attire l'attention des marcheurs sur deux arbres qui s'enlacent, tel un baiser, qui se soutiennent l'un à l'autre. 

" C'est un paysage impressionnant qui change des randonnées du sentier des douaniers. Ici, on se sent au cœur de la terre" témoigne un marcheur. 

Les monts d'Arrée, marche afghane

De Huelgoat, direction les Monts d'Arrée. Âgés de plus de 500 millions d'années, ces reliefs dessinent un paysage composé de lande et de rocs. C'est un terrain moins fréquenté, donc idéal pour se ressourcer. C'est l'endroit parfait pour pratiquer la marche afghane. 

Thibault le Loup, pratique et enseigne cette marche. Cette technique, plus méditative, consiste à caler sa respiration sur ses pas, pour une marche de pleine conscience.

"Les principes sont simples, mais on ne les pratique pas naturellement, car on ne se concentre pas assez sur nos pas" dit-il. Pour renforcer la confiance en soi, la marche afghane est fortement recommandée.

Avec cette pratique de marche, on s'abandonne, on lâche prise, on fait confiance, et on prend confiance.

Une marcheuse

Pen ar Park, marche pour le "savoir-faire" du patrimoine breton

Jean-Yves Jaouen, est président du club de randonnées du Finistère. Il accompagne les marcheurs pour découvrir le patrimoine de la région de Pen ar Park. En direction du Kanndi, il fait découvrir d'anciennes buanderies alimentées par plusieurs fontaines qui servaient " à blanchir les fils de lin".

Les tisserands travaillaient pour les patrons qui, à leur tour, investissaient dans le patrimoine, notamment religieux. L'enclos paroissial de Saint-Thégonnec, en est un des plus remarquables. C'est une réunion d'éléments architecturaux, née de l'argent produit par la production du lin, car ce savoir-faire impressionnant a fait la richesse de la région.

Pour la gloire de dieux, pour le salut des hommes et de la paroisse, mais aussi pour afficher sa réussite

Jean-Yves Jaouen, Président du club des randonnées du Finistère

Président du club des randonnées du Finistère

Plouescat vers Saint-Thégonnec, marche botanique

La Bretagne, c'est aussi un patrimoine botanique. Et c'est celui-ci que Stéphane Chaumont propose aux randonneurs de découvrir. Botaniste, il est chargé des espaces naturels du Haut-Léon, à l'ouest de Roscoff. Il guide les randonneurs locaux pour le plaisir de mettre en valeur le patrimoine de sa région. Sur 20 km, la marche facile est praticable en famille. Il commence l'expédition par le Menhir de Cam-Louis, conçu pour délimiter un territoire ou pour indiquer une route : les menhirs avaient donc plusieurs fonctions.

Sur les côtes basses des massifs dunaires, Stéphane Chaumont explique l'importance des algues qui viennent s'y échouer. Elles libèrent des sels minéraux qui permettent de nourrir les autres plantes. Ces premières plantes s'installent alors pour former les dunes, de façon naturelle. Il est indispensable de préserver ces algues.

Au rythme de sa marche, Stéphane partage ses connaissances sur les richesses du littoral, cette zone de contact entre mer et terre.

Côte de granit rose, marche pour comprendre

Odile Guerin est géologue. Son lieu de prédilection est la Côte de granit rose dans les côtes d'Armor.

"Il y a deux types de granit, le rose et le blanc. Si le rose domine, c'est parce qu'il est riche en fer et en potassium" précise-t-elle. 

Odile emmène son petit groupe de randonneurs pour une balade du dimanche. En plus d'être ébahie, et grâce à ses explications, on comprend comment le paysage s'est formé.

"Certains des randonneurs viennent pour la découverte et d'autres pour la soif de connaissance" dit-elle.

Se mettre en marche avec Odile, c'est mettre aussi quelque chose en mouvement dans l'esprit.

Une promeneuse

Les cailloux sont nombreux sur cette côte, mais aucun ne se ressemble. Il existe un rocher qui fait l'humanité : " la palette du peintre " : un trou a transpercé la roche, à force de s'approfondir.

Pour les promeneurs, c'est l'occasion de réapprendre les clés des sciences naturelles, pour comprendre par eux même, le paysage, telle la formation des boules de granit. 

Les gens ne veulent pas bronzer idiots, ils veulent comprendre.

Odile Guérin,

géologue

La marche est le meilleur moyen de se ressourcer et de découvrir un territoire. C'est uniquement en la pratiquant que l'on peut découvrir les richesses d'un pays.