Raphaël Esrail, président et "incarnation" de l'Union des déportés d'Auschwitz (UDA), est mort samedi d'un cancer à l'hôpital de Lannion (Côtes-d'Armor), à l'âge de 96 ans, a annoncé l'UDA dimanche dans un communiqué.
"Il était l'incarnation de l'Union des déportés", a déclaré Isabelle Ernot, directrice scientifique de l'UDA, ajoutant, "Il a été un acteur essentiel du recueil de la mémoire, de sa mise en valeur pédagogique et de sa transmission."
Raphaël Esrail était né le 10 mai 1925 en Turquie "dans une famille juive qui émigre en France l'année suivante", rappelle l'UDA dans son communiqué.
Membre de la résistance juive à Lyon où il confectionne de faux papiers, il est arrêté puis interné au camp de Drancy, avant d'être déporté à Auschwitz-Birkenau le 3 février 1944, alors qu'il est âgé d'à peine 19 ans.
Il survit aux conditions inhumaines du travail forcé qu'impose la +solution finale+, il affronte les +marches de la mort+ à partir du 18 janvier 1945
Union des Déportés d'Auschwitz
Libéré par les troupes américaines le 25 avril 1945, il retrouve alors sa femme, elle aussi survivante d'Auschwitz.
Après des études à l'école centrale de Lyon, il fait une longue carrière chez Gaz de France, jusqu'en 1988.
En 1986, il devient le secrétaire général de l'Union des déportés, puis prend en 2008 la présidence de l'association, où il poursuit "une mission de savoir et de résilience que les survivants se sont donnée", précise l'UDA.
Infatigable témoin
Il avait été promu commandeur de la Légion d'honneur en avril 2016 et avait publié en 2017 chez Robert Laffont, son autobiographie intitulée "L'espérance d'un baiser".
"Infatigable témoin, président visionnaire, personnalité hors du commun, Raphaël Esrail n'est plus mais son oeuvre demeure et restera vivante. Sa présence nous entoure de sa bienveillance et de son intelligence, elle nous commande d'agir en suivant ses traces", écrit l'Union des déportés qui lui rendra hommage à Paris.
Raphaël Esrail sera inhumé à Biarritz la semaine prochaine.