Des peines allant de deux ans avec sursis à six ans de prison ferme ont été requises, ce mardi 7 septembre, devant le tribunal correctionnel de Rennes, à l'encontre de huit prévenus poursuivis pour un vaste trafic d'ivoire et de cornes de rhinocéros.
"Un véritable massacre culturel et écologique". Le ministère public n’a pas pris de pincettes pour qualifier le braconnage causé par ce trafic international d’ivoire jugé actuellement au tribunal correctionnel de Rennes.
Il a requis les peines les plus lourdes à l'encontre des quatre membres des "Rathkeale Rovers", un groupe criminel issu de la communauté irlandaise des gens du voyage, dont l'arrestation en septembre 2015 a marqué le début de l'enquête.
six ans de prison requis contre le "VRP de la corne de rhinocéros"
Tom Greene, 33 ans, qui avait été arrêté à deux reprises en possession de quatre défenses d'éléphant puis d'une corne de rhinocéros, a été qualifié par le magistrat de "prédateur qui ne tient pas le fusil" et de "VRP de la corne de rhinocéros": six ans de prison ont été requis à son encontre.
Quatre ans de prison ont été requis contre son frère Richard O'Riley, 35 ans, qui l'accompagnait dans ses affaires.
Un an de prison à l'encontre de leurs complices Edward Gammel, 29 ans, et Daniel Mc Carthy, 33 ans.
Neuf prévenus chinois, vietnamien et irlandais sont jugés à partir de lundi à Rennes pour un vaste réseau de trafic d'ivoire et de cornes de rhinocéros. Parmi eux, des membres des "Rathkeale Rovers", un groupe criminel issu de la communauté irlandaise des gens du voyage. pic.twitter.com/MAhNosATO2
— Au coeur des animaux (@AuCoeurAnimaux) September 6, 2021
une filière franco-vietnamienne
M. Mailly a requis cinq ans de prison dont deux ans avec sursis assorti d'un mandat de dépôt, contre de David Ta, chef d'entreprise de 51 ans, spécialisé dans l'exportation d'antiquités et de parfums, soupçonné d'avoir dirigé une filière franco-vietnamienne de trafic de défenses d'éléphant.
Il a qualifié de "pas très convaincantes" les explications du prévenu, chez qui 14 défenses d'éléphants d'Afrique avaient été découvertes cachées sous une palette en mai 2016.
Trois ans ont été requis, dont deux avec sursis, à l'encontre de Quan Do Danh, 41 ans, chez qui "un atelier de découpe d'ivoire" a été découvert.
Des peines requises aussi pour détention
Il a demandé deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, contre Kit Ching Ha, 56 ans, soupçonné d'héberger un atelier de transformation de la corne de rhinocéros et deux ans avec sursis contre le "docteur Yang" Daosheng, 58 ans, pour détention en contrebande d'ivoire.
Enfin, le magistrat a réclamé la relaxe du guide touristique Quing Jia, qui ne s'est jamais présenté aux convocations des enquêteurs, et contre lequel "il n'y a aucun élément".
Le kilo d'ivoire se vend 4000 euros
L'enquête menée après la saisie des douaniers en 2015, près de Vienne, a permis d'identifier plusieurs centres de transformation de cornes de rhinocéros en France.
La marchandise était expédiée sous forme de poudre ou de billes en Afrique où le kilo d'ivoire, utilisé comme aphrodisiaque, se vend 4000 euros.
"La France n'a pas d'éléphants dans ses forêts ni de demande pour ce genre de produits, estime Me Jennifer Cambla Avocate de la défense, par contre elle a un rôle important à jouer pour lutter contre ces trafics et éviter que la France et l'Europe soit une terre de transit et de blanchiment de ces matières".
Les ONG de France, notamment Robin des Bois, et d'Asie se serrent les coudes pour stopper le vaste trafic...elles souhaitent que les douaniers travaillent eux aussi main dans la main.
Le rhinocéros noir d'Afrique est sur la liste rouge des espèces menacées d'extinction et le commerce de ses cornes est interdit depuis 2016 en France.