Pour lutter contre les inégalités hommes-femmes, la ville de Rennes veut mettre en place, progressivement, un budget "sensible au genre". L'objectif est de s'assurer que la dépense publique profite aussi bien aux femmes qu'aux hommes. Comment ça marche ? Que peut-on en attendre ? C'est notre débat.
Le budget dit "genré" ou "sensible au genre" a fait couler beaucoup d'encre, depuis un mois. Et pourtant, l'idée n'est pas neuve.
Le concept de "gender budgeting" est né en 1984, en Australie. La plupart des grandes organisations internationales : OCDE, Conseil de l'Europe, FMI... encouragent les états et les villes à adopter cette vision différente de la dépense publique.
"Ce n’est pas un gadget. C’est quelque chose qui a été pensé sérieusement. On demande aux états de regarder leurs budgets en termes d’égalité femmes hommes. Petit à petit, ça se déploit. En France, il y a quelques expérimentations au niveau de minitères mais aussi quelques villes : Brest, Lyon, Rennes..."
C’est une façon d’analyser le budget en regardant ce qui favorise l’égalité femmes hommes.
Et pour y parvenir, la première étape, c'est de mettre en place des indicateurs, de former les agents des services municipaux à chausser les "lunettes de l'égalité". Car il faut évaluer toutes les actions financées par la municipalité pour évaluer leur impact sur l'égalité femmes hommes.
Le travail est titanesque. Réussir à produire un budget entièrement genré demandera plusieurs années.
L’objectif de 2021, c'est que le travail budgétaire qui se fait tout au long de l’année se fasse avec cet angle d’attaque, avec la prise en compte des inégalités de genre.
"C’est plutôt un budget intégrant la dimension des inégalités et la question de savoir comment les politiques publiques agissent ou pas sur la réduction des inégalités qui perdurent et qui existent entre les femmes et les hommes dans notre société", explique Geneviève Letourneux, conseillère municipale déléguée aux Droits des femmes et à la lutte contre les discriminations, à Rennes.
Et ça commence par l'analyse des subventions versées par la ville de Rennes aux associations. Ces dépenses favorisent-elles l'égalité femmes hommes ou confortent-elles des stéréotypes de genre ?
Si on ne compte pas, comment se rendre compte s’il existe ou pas des inégalités, à la fois dans le prélèvement des fonds publics et dans leur utilisation ?
"Pour l'instant, ce budget 2021 n'est pas encore un budget genré. Il s'agit plutôt d'une déclaration d'intention de la part de la municipalité. Je me réjouis de constater que le dernier débat autour du budget à venir pour la ville de Rennes n’a pas fait l’objet de discussions enflammées sur la question du budget genré. C’est passé comme une lettre à la poste, ce qui, je trouve, est plutôt positif.
Néanmoins il y a tout un effort de pédagogie à faire. Je crois qu’il y a encore des représentations anxiogènes, peut-être aussi l’impression que c’est un outil punitif, ce qui n’est absolument pas le cas", conclut-elle, lors de notre débat vidéo.