Après l'annonce d'un retour à la normale dans les écoles le 22 juin, les enseignants évoquent "un casse-tête" pour accueillir tous les élèves. Si le protocole sanitaire a été allégé, il faudra garder un mètre de distanciation. Avec les tables doubles, ce ne sera pas possible partout, selon le SNUIPP
Après l’annonce par Emmanuel Macron du retour à la normale dans les écoles le 22 juin, Le Ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer a confirmé que le protocole sanitaire très contraignant allait être allégé pour permettre l'accueil de tous les élèves.
Mais les enseignants restent perplexes : "S'il faut respecter une distance d'un mètre latéral entre chaque élève, et non plus de 4m2 par élève, ça ne permettra pas pour autant de faire revenir tout le monde."
"Une promesse magique, difficile à mettre en oeuvre sur le terrain...", commente Francette Popineau, secrétaire générale du SNUIpp-FSU, pour qui "beaucoup de questions se posent encore." https://t.co/g89TJaPeUH via @europe1
— SNUipp-FSU (@SNUipp_FSU) June 15, 2020
Des écoles où cela va être possible, et d'autres pas
"Si j’étais parent d’élève lambda, et que j’avais écouté Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer, je me dirais "Chic, mes enfants vont enfin pouvoir retourner à l’école à plein temps, et moi retourner au travail..."
"Le problème, c’est qu’il y a des écoles où cela va être possible, et d’autre pas. Et des parents risquent donc de ne pas comprendre. Cela peut créer des conflits avec les enseignants. Mais les enseignants n’y sont pour rien."
Guislaine David est secrétaire départementale du Snuipp en Ille-et-Vilaine. Et elle accueille donc les annonces gouvernementales avec beaucoup de réserves : "Nous devons encore faire face à des injonctions contradictoires : accueillir tout le monde, mais avec des normes sanitaires qui ne nous le permettent toujours pas."
Dans les classes avec des tables doubles, comment fait-on ?
"Que les choses soient claires, l’obligation scolaire, on y était favorable, et c’est donc très bien, souligne Guislaine David. Mais la difficulté dit-elle, c’est que certaines contraintes demeurent."
"S'il nous faut conserver une distanciation latérale d'un mètre entre chaque élève, on ne pourra pas accueillir tout le monde. Dans certaines classes, nous ne disposons que de tables doubles. On est à moins d'un mètre. On fait comment ?"
"Ajoutez à cela les points d'eau en nombre insuffisant dans beaucoup d'écoles. Avec la distanciation d'un mètre, la logique veut qu'on neutralise encore un robinet pour deux. Et comme le lavage des mains reste le geste barrière par excellence, plus il y aura d'enfants, plus ça va être compliqué."
"Avec une très forte densité d'élèves et d'adultes dans les écoles, certains enseignants s'inquiètent des risques sanitaires"
Encore tout réorganiser pendant le week-end
"Le protocole actuel, très strict court jusqu’à vendredi, ajoute la secrétaire départementale du SNUIPP. Et lundi matin, on en change. Entre les deux, on est donc sensé tout réorganiser. Les enseignants vont devoir encore s’y coller le week-end, avec quand c’est possible des employés municipaux. Sincèrement, les enseignants sont à bout."
Faire revenir les élèves pour deux semaines aurait pourtant du sens
Faire revenir les élèves à deux semaines de vacances a-t-il du sens ? "Dans l'absolu oui, répond Guislaine David. Pas forcément en terme de pédagogie, ou d’enseignement. On ne va pas faire en quelques jours ce que la crise sanitaire nous a empêché de réaliser en trois mois."
"En revanche, sur la socialisation, ce serait important de récupérer tout le monde. Les enseignants le veulent. Cela permettrait de débriefer avec tous les enfants la période compliquée que l’on vient de vivre. Et aider ceux qui vont passer un cap, ceux qui quittent la grande section pour le CP ou le CM2 pour la 6e, à clore le chapitre. Mais encore une fois, ce ne sera pas possible partout."
Selon la secrétaire départementale du SNUIPP 35, au maximun 75% des éleves devraient pouvoir être accueilis le 22 juin dans les écoles.