Pas de réouverture de salles avant le 7 janvier, a annoncé le premier ministre. Le monde du spectacle reprend un coup sur la tête. Eric Gouzanet, directeur du cinéma l'Arvor à Rennes et Guillaume Blaise à la tête de la salle de spectacle la Passerelle à Saint-Brieuc réagissent.
Le verdict vient de tomber : pas de réouverture des salles de spectacles avant le 7 janvier 2021. Le premier ministre, Jean Castex, l'a déclaré ce jeudi 10 décembre. En cause le nombre de contaminations à la Covid bien trop élevé : 14 000 cas avérés ce jour, là où Emmanuel Macron tablait sur 5 000 cas quotidiens pour lever ce deuxième confinement.
#COVID19 | Les établissements recevant du public (cinémas, théâtres, salles de spectacle, enceintes sportives, musées...) resteront fermés au moins jusqu'au 7 janvier 2021. pic.twitter.com/p1w05nFnwj
— Gouvernement (@gouvernementFR) December 10, 2020
Trois semaines de plus d'attente
Déjà, lors du premier confinement, la fermeture de presque sept mois s’était transformée en casse-tête financier. Un casse-tête pour l’organisation également puisque de nombreux directeurs de salles avaient tenté de reprogrammer les artistes annulés au printemps. Fermé depuis le vendredi 30 octobre, le monde de la culture devra donc attendre trois semaines de plus que prévu pour espérer retrouver son public. Et encore... tout dépendra du nombre de contaminations observé début janvier.
Le directeur de la salle de spectacle, la Passerelle à Saint-Brieuc, Guillaume Blaise, et Eric Gouzanet à la tête du cinéma d’art et d’essai, l’Arvor à Rennes ont réagi à chaud à ses annonces.
Quelle est votre réaction face à cette décision ?
Guillaume Blaise : De la lassitude, de l’usure. Tout le monde s’était préparé à rouvrir. Ces dernières semaines, il y avait de l’activité avec des résidences et des rencontres dans les écoles. Tout le monde était dans une dynamique. Mais plus le temps passe et plus la motivation est compliquée. C’est frustrant de ne pas pouvoir exercer notre rôle dans la société.
Eric Gouzanet : Les salles de cinéma, c’est plus souple que le spectacle vivant. On gère des films, pas des humains. Mais je suis déçu, résigné. On avait peu d’espoir mais on y croyait quand-même. On aurait reprogrammé le film ADN de Maïwenn, car on n’avait pu l'exploiter que 2 jours avant la fermeture du 30 octobre.
Quel va être l’impact économique ?
Guillaume Blaise : En novembre, les pertes de la billetterie s’élèvent à 40 000 €. Quand on annule un spectacle, on paie quand même les équipes d’artistes. On est subventionnés donc on doit être exemplaires. Nos partenaires publics nous ont assurés de leur soutien. (NDLR : le budget de la Passerelle se compose à 80 % de fonds publics et à 20% de la billetterie).
Eric Gouzanet : Le cinéma l’Arvor fonctionne à 85 % sur sa billetterie, donc c'est une vraie perte. Les salariés bénéficient du chômage partiel, le loyer est modique car on est dans un bâtiment de la Ville. Mais on pioche quand-même dans nos économies car il y a des charges à payer.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Eric Gouzanet : On espère des jours meilleurs.
Guillaume Blaise : En tant que scène publique, on doit être au rendez-vous pour ouvrir dès qu’on peut. Mais jusqu’à quel point doit-on être prêt ? On est dans une logique d’adaptation, mais là on s’adapte dans le vide.