Inattention, vitesse, téléphone au volant, conduite sous l'emprise de stupéfiants. La Direction des Routes de l'Ouest s'alarme : elle recense 19 accidents de fourgons depuis le début de l'année, six agents ont été blessés. Elle demande aux automobilistes de faire preuve de vigilance.
Les derniers accidents en date remontent au 7 septembre dernier.
Sur l’A 84 à hauteur de Liffré, un fourgon de la Direction des Routes de l'Ouest (DIRO), en stationnement le long de la quatre voies pour protéger un véhicule en panne, est percuté par un poids-lourd. Le même jour, un autre véhicule de la DIRO subit le même sort en Mayenne. Dans les deux cas, pas de blessés, mais de grosses frayeurs pour les agents en intervention.
? Mardi, 2 de nos fourgons ont été accidentés : 1 sur l'A84 en Ille-et-Vilaine et 1 sur la RN162 en Mayenne
— DIROuest (@DIR_Ouest) September 9, 2021
Depuis le début de l'année, déjà 19 accidents lors de nos interventions c'est inacceptable !
Merci d'être vigilant pour protéger nos anges gardiens de la route pic.twitter.com/rWGwzNgYuu
La Diro a fait les comptes : 19 accidents, et 6 blessés à déplorer parmi ses agents depuis le début de l'année. Nous ne sommes qu’au mois de septembre, mais l’on s’approche dangereusement des chiffres des années précédant la pandémie et les périodes de confinement : 21 accidents en 2019, et 34 en 2018, année record.
Inattention, vitesse, téléphone au volant, et stupéfiants pointés du doigt
"Depuis 18 mois, les périodes de confinement avaient diminué le trafic routier, souligne Arnaud Gauthier, directeur adjoint de la DIR Ouest. Mais peu à peu, les gens qui étaient restés en télétravail reprennent le chemin de l’entreprise, et bien souvent en voiture, pour éviter les transports en commun et un potentiel risque sanitaire. La circulation n'en devient que plus dense, avec à la clé un risque d’accident plus important pour nos agents".
"Les agents réalisent environ 30 000 interventions sur la Bretagne, ajoute Arnaud Gauthier, c'est deux fois plus qu'il y a 15 ans. Dans 40% des cas, c'est pour des véhicules en panne, avec des automobilistes bien souvent désarçonnés face à des technologies embarquées défaillantes ou l'absence de roue de secours par exemple. Nos interventions permettent donc de les protéger, et de protéger aussi les autres usagers. Mais tout le monde n'en a pas conscience. On fait face à trop de comportements inadaptés, avec un manque d'attention trop souvent amplifié par la vitesse, le téléphone au volant, ou la conduite sous l'emprise d'alcool ou de stupéfiants.
"Pour les accidents du 7 septembre, précise-t-il, la conductrice en Mayenne était distraite par son portable. Et sur l'A 84, le chauffeur du poids lourd avait semble-t-il consommé des produits".
Patrick, agent de la route : "le chauffard qui nous a percuté a pris la fuite..."
L'accident en intervention, Patrick l'a connu il y a 3 ans. "C'était la nuit, raconte cet agent rennais. Nous intervenions sur la rocade pour un problème sur une glissière de sécurité. On était en train de neutraliser la voie de gauche, je m'apprêtais à descendre du fourgon, quand on a été percutés par un automobiliste qui a forcé le passage".
"Il a enfoncé la flèche lumineuse de rabattement, la FLR, à l'arrière, j'ai été secoué, heureusement sans gravité. Mais lui a continué sa route, délit de fuite, avant de finir sur les jantes à la Poterie, il avait crevé. Il était sous l'emprise de stupéfiants".
"On sait qu'on fait un métier dangereux. Quand l'accident vous arrive, vous redoublez encore de vigilance, conclut-il, mais on sait tous, mes collègues et moi, qu'on ne sera jamais à l'abri de tels comportements. Il faut être sur le qui-vive constamment, toujours regarder derrière."
Pour ses agents victimes d'accidents, la DIRO propose une cellule psychologique. "Parfois, note Arnaud Gauthier, même quand il n'y a pas de blessés, un traumatisme, une angoisse peuvent se révéler bien après le choc. Il faut faire preuve d'attention. Et puis, il y a des agents qui sont touchés dans leur chair, qui conservent des séquelles, qui doivent quitter le bord des routes, et à qui l'on doit confier un autre poste".
En moyenne, un agent des routes trouve la mort chaque année en France dans le cadre d'une intervention. En 2020, un homme avait perdu la vie dans le Sud-Manche, un autre dans les Côtes d'Armor en 2012.
Campagne de sensibilisation auprès des automobilistes
Pour informer les automobilistes des risques encourus par ses agents, la DIRO mène donc des campagnes de sensiblisation, sur les réseaux sociaux, les panneaux à message variable au bord des routes, ou en installant des véhicules accidentés sur des aires de repos, comme c'est le cas sur l'aire de Marzan dans le Morbihan, pour mieux marquer les esprits. Et elle rappelle les consignes élémentaires de sécurité : maîtriser sa vitesse, augmenter les distances de sécurié, et s'écarter au maximum de la zone d'intervention.