En pleine escalade entre Londres et Paris autour des licences de pêche post-Brexit, dans le port anglais de Newhaven (sud), les pêcheurs britanniques déplorent de faire les frais de la situation, et dénoncent politisation du dossier et surpêche.
Ce jeudi 28 octobre, le quai était presque désert. La faute au mauvais temps, qui contraint la flotte, composée de petits chalutiers, de rester au port.
Pour Neil Whitney, patron du "About Time", le conflit autour des licences de pêche dans les eaux britanniques et anglo-normandes est politique. Paris, qui a annoncé des représailles dès mardi 2 novembre à moins d'obtenir les licences exigées pour ses pêcheurs d'ici-là, a déjà verbalisé deux bateaux britanniques.
"Les coquilliers, qui pêchent la Saint-Jacques, poussent le bouchon un peu plus et un peu plus tôt, explique à l'AFP le pêcheur de 54 ans. Et les Français répliquent en nous jetant des objets, en saisissant les bateaux." En référence à l'immobilisation d'un bateau britannique accusé par la France de pêche illégale.
Le problème ne se situe pas à un niveau technique.
Selon le patron de la fédération britannique des organisations de pêcheurs, (NFFO), Barrie Deas, "la France a politisé un problème technique avant l'élection présidentielle". "Les discussions se sont déroulées de manière parfaitement civile et constructive, à la fois avec l'UE et avec la France. Donc le problème ne se situe pas à un niveau technique", ajoute-t-il.
Pour les pêcheurs britanniques, la polémique sur les droits de pêche est une menace de plus pour leur secteur, déjà touché par la chute des exportations
post-Brexit, les conséquences du Covid ou encore l'essor de sociétés de pêche internationales au détriment des indépendants.
Il n'y a plus de poisson, les Français souffrent et nous aussi.
"On a été mis à terre, souligne quant à lui Martin Yorwarth. On demande à notre gouvernement d'aider les pêcheurs artisanaux." Mais selon lui, le problème subsistera tant que le problème de la surpêche ne sera pas résolu. "Il n'y a plus de poisson, les Français souffrent et nous aussi", explique-t-il.
Tout comme son collègue Neil Whitney, et la plupart des pêcheurs, il a voté pour la sortie de l'UE, mais a le sentiment que l'accord post-Brexit ne tient pas les
promesses faites au secteur.
"Si on avait repris le contrôle de nos eaux et repris le contrôle de notre pêche, les choses auraient été différentes, explique-t-il. On est vraiment déçus".