Le président Emmanuel Macron a déclaré jeudi que la France ne parviendrait pas à se passer "à 100%" du glyphosate dans les trois ans comme il s'y est engagé, interrogé lors d'un débat-citoyen à Bourg-de-Péage (Drôme). Les associations environnementales réagissent.
"Je sais qu'il y en a qui voudraient qu'on interdise tout du jour au lendemain. Je vous dis : un, pas faisable et ça tuerait notre agriculture. Et même en trois ans on ne fera pas 100%, on n'y arrivera, je pense, pas", a-t-il déclaré, encourageant les "productions alternatives" pour ne plus utiliser cet herbicide.
Le débat sur la potentielle dangerosité du glyphosate a été relancé il y a quelques jours par l'annulation en justice d'une autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360, herbicide à base de glyphosate. "Il a été montré qu'il y a des doutes. Il n'y aucun rapport indépendant ou pas indépendant qui a montré que c'était mortel", a affirmé Emmanuel Macron. Mais "à partir du moment ou je pense que c'est pas bon, j'ai envie qu'on s'en sépare". "Il y a des secteurs où il y a des alternatives. Il faut au maximum avoir des alternatives non chimiques et en s'organisant autrement", a-t-il plaidé.
En novembre 2017, l'Union européenne avait renouvelé son homologation pour cinq ans, mais Emmanuel Macron s'est engagé à le bannir en France d'ici à 2021. "L'Europe voulait nous remettre 15 ans d'autorisation. C'est parce que la France s'est battue qu'on a obtenu cinq ans" pour sortir du glyphosate dans l'UE, a-t-il souligné.
Reculade... trahison
Plusieurs ONG, politiques et la Confédération paysanne ont critiqué vendredi l'annonce par Emmanuel Macron. Greenpeace y voit une "nouvelle reculade du gouvernement Macron". La tête de liste EELV aux élections européennes Yannick Jadot a qualifié cette déclaration de "lamentable" sur Radio Classique. "Il y a des milliers et des milliers de paysans dans notre pays qui n'utilisent pas le glyphosate", a-t-il dit. "Il y a urgence à sortir des pesticides qui, années après années, font mourir les paysannes et paysans", plaide dans un communiqué la Confédération paysanne, pour qui "c'est possible", en modifiant des pratiques agricoles.
Dès hier soir, Générations Futures a demandé au Président de la République de "revenir sur ses déclarations en réaffirmant l’objectif de sortie complète du glyphosate sous 3 ans et en annonçant les moyens nécessaires au développement des techniques et itinéraires techniques permettant l’atteinte de cet objectif".
Eau et Rivières de Bretagne regrette qu'il n'y ait pas plus de volonté.