Entrepôts bloqués, grèves et débrayages dans les supermarchés... le week-end de Pâques s'annonce tumultueux pour Carrefour. Un mouvement qui fait suite à l'annonce en janvier de la suppression de milliers de postes et récemment d'une participation moyenne de 407 euros, contre 610 l'an dernier.
Postés à une des entrées du supermarché Carrefour de Cesson-Sévigné, près de Rennes, ils filtrent les automobilistes et distribuent des tracts. Débrayages, grève, blocages, comme partout sur le territoire, les salariés de l'enseigne, manifestent leur colère, appelés par FO et la CFDT à défendre leurs emplois et leur pouvoir d'achat ce week-end de Pâques. Dans ce supermarché il y aurait 80% de grévistes et une seule hôtesse de caisse aurait pris son service ce matin, selon les syndicats. Un mouvement qui a commencé à prendre forme dès vendredi avec une mobilisation du côté des entrepôts, et des cadres, qui ont répondu à un appel à "la déconnexion totale".
Des entrepôts mobilisés dès vendredi
Sur les 24 entrepôts que le géant de la distribution compte en France, 22 ont "bougé" vendredi, selon Michel Enguelz, représentant de FO, premier syndicat du groupe. Neuf étaient "déjà partis" en grève vendredi matin, a indiqué Sylvain Macé (CFDT). Il s'agit de "barrages filtrants", voire par endroits "quasiment bloquants", a précisé Philippe Allard (CGT). Les entrepôts de Ploufragan (Côtes-d'Armor), Rennes, Le Mans, Salon-de-Provence ou Colomiers (Haute-Garonne), étaient touchés.
Appel vendredi à la déconnexion pour les cadres
Cet appel à "une grève générale" pour les salariés de Carrefour, fait suite à l'annonce en janvier d'un plan de départs volontaires de 2 400 postes, qui grimperaient à plus de 5000, en comptant les magasins de proximité et les services administratifs. et puis plus récemment d'une prime d'intéressement initialement annoncée à 57 euros, puis à 407€ cette année, contre 610 l'an dernier. Un appel relayé séparément par la CGT. Quant aux cadres, ils ont "bien adhéré" vendredi à l'appel à la "déconnexion totale" de 9h à 11h lancé par leur syndicat, le SNEC CFE-CGC, a souligné son représentant Thierry Faraut. Le SNEC CFE-CGC ne s'associe pas au mouvement de grève mais il était "important" de "faire passer un message" à la direction.Sur Twitter, les cadres et agents de maîtrise de plusieurs hypermarchés à Nice, Angers, Toulon ou Châlons-en-Champagne ont posté des messages et des photos pour témoigner de leur mouvement, faisant état de "conditions de travail et salariales qui se dégradent". La direction "a pris conscience que l'encadrement demandait des comptes", a ajouté Thierry Faraut.
75% des hypermarchés pourraient être mobilisés
Samedi, la CFDT estime à "160 à 170" le nombre d'hypermarchés qui seront mobilisés (sur 220), dont "une majorité ont annoncé une grève sur la journée", a précisé Sylvain Macé. Philippe Allard a pronostiqué une "énorme mobilisation" sur la moitié des hypermarchés. Celui d'Ollioules (Var) était fermé vendredi, a-t-il dit, avec "80%" de grévistes. Le mouvement pourrait entraîner, selon Thierry Faraut, "entre 40 et 50 millions d'euros" de perte de chiffre d'affaires.A titre d'exemple, le 22 février, la journée de grève pour les salaires chez Air France avait coûté 26 millions d'euros à la compagnie.