Transat en Double. Yann Elies et Martin Le Pape au départ "Il faut combler les manques de chacun pour faire un bon duo"

C'est l'un des équipages les plus attendus de la Transat en Double Concarneau - Saint-Barth. Yann Elies et Martin Le Pape prendront le départ au côté de 17 autres duos ce dimanche 9 mai 15 ans séparent les 2 marins, ils se savent très complémentaires et sont impatients d'en découdre. Entretien.

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Martin Le Pape et Yann Elies se connaissent depuis de nombreuses années. Le plus jeune admire le plus "capé", ce qui n'empêche pas l'aîné de livrer sans retenue ses faiblesses et la ressource qu'il trouve à naviguer avec un marin moins expérimenté.

Ils se confient à quelques jours du départ, Martin installé à quelques kilomètres de la ville de départ, Yann à Auray, heureux de ne pas être dans l'agitation de l'avant départ.  

Dans quel état d'esprit êtes vous à quelques jours du départ ?

Martin : Je passe tous les jours sur le bateau, pas très longtemps, pour voir si tout va bien et pour faire le point avec le préparateur, voir si je peux faire des choses en plus. Je préfère ne pas m'attarder car souvent on est happé sur les pontons par des personnes qui posent des questions, et cela peut mettre le doute sur certains trucs...

Yann: C'est l'inconvénient pour Martin d'être à domicile. Moi je suis à Auray, avec mon chien, ma femme, ma fille, en mode "papa au foyer" avant de partir pour quelques semaines. C'est l'un des effets positifs du confinement. Si tu t'es bien préparé, tu peux t'isoler et mieux vivre la pression de l'avant départ. Les mecs du Vendée Globe m'en ont parlé aussi. Ils ont réussi à mieux vivre cette période complexe avant leur tour du monde en étant confiné.  

Comment est né votre duo ? 

Martin : Ça parait loin maintenant, cela fait plus de deux ans que l'on navigue ensemble. J'ai proposé à Yann de faire la transat avec moi car j'aime son caractère difficile mais franc et direct. Avec lui, on sait tout de suite si ça roule ou pas. Et puis bien-sûr, j'ai voulu m'appuyer sur son expérience et ses qualités de navigateur pour performer et combler mes lacunes. 

Yann : Ce qui m'a surpris au départ, c'était l'envie de Martin. Il ne m'a pas laissé le choix, dans sa tête s'était déjà acté. Il voulait que ça soit moi et personne d'autre. J'aimerai reproduire le schéma que j'ai réussi à mettre en place avec Charlie Dalin ces 5 dernières années. Avec deux profils différents, on peut combler les manques de chacun pour arriver à faire un bon duo. 

Quels sont tes faiblesses Yann ? 

Yann : Notre métier est en perpétuel évolution. Ce n'est pas facile de rester au top tout le temps. Je cite souvent l'aspect électronique et informatique en préparation de course. La nouvelle génération le prend à "bras le corps", elle a le temps. Elle vit le truc à fond comme je pouvais le faire il y a 20 ans, ça te pousse à te bouger le cul. 

Il y a un plaisir particulier à naviguer en duo ? 

Yann : On se sent plus fort. C'est moins stressant que le solitaire, tu affrontes toutes les épreuves à deux. Quand tu arrives à trouver un mode de fonctionnement où tu parviens à cloisonner amitié et travail, c'est top.

Au début, je partais avec des copains et j'en perdais un à l'arrivée. Aujourd'hui j'ai compris qu'il vaut mieux partir avec un mec avec qui tu n'es pas forcément copain au départ et en gagner un à l'arrivée.

C'est la première fois que les Figaros 3 vont traverser l'Atlantique. Il y a beaucoup d'interrogations sur leur comportement sur une plus grande traversée que lors des étapes de la Solitaire ? 

Martin : On se pose beaucoup de questions sur la fiabilité et la manière dont le bateau va réagir pendant dix-huit jours jours de mer. On essaye d'anticiper ce qu'il peut se passer. On réfléchit à ce qui risque de casser. C'est un peu stressant. 

Yann : Moi ce que je trouve sympa, c'est que l'on reparle enfin de technique, de fiabilité. Ça fait 16 ans qu'on était avec le figaro 2 et que ça roulait. On ne se posait plus de question. Là, on part avec des outils, on se dit qu'il faudra peut être bricoler pour finir la course. On se projete, on réfléchit à comment réparer des trucs à bord. On remet un peu de navigation en "bon marin". Il va falloir prendre soin du bateau, c'est ça qui est intéressant. On a fait l'expérience l'an dernier en navigation à plus de 30 noeuds, on connait moins ces bateaux que les Figaros 2, ils n'ont pas été éprouvés de la même façon, on ne sait pas encore donc comment ils pourront tenir.  

Le jeu va être plus ouvert avec le nouveau Figaro ?

Martin : C'est sûr. Les voiles ne naviguent pas au même angle que le Figaro 2. Il y a désormais beaucoup plus de possibilité. Chaque variation de vent peut créer des écarts très importants, on l'a vu sur des étapes de la solitaire. Ces écarts peuvent se tendrent et se détendrent très rapidement. Ça va changer la philosophie de la course et notre manière de prendre des décisions. Cela va être plus stressant pour nous, mais on aime bien ça.  

Yann : Sur une traversée de l'atlantique entre les Canaries et le Cap vert, on pourra carrément avoir 1000 milles d'écart entre un bateau qui décide de foncer plein sud vers le Cap vert pour chercher les alizés profond et un bateau qui file plein nord pour jouer la courbure d'un anticyclone aux Açores. Tout cela peut finir par converger à 24h de l'arrivée sans vraiment savoir qui va l'emporter. Après Las Palmas, il y a aura un choix tranché à faire : partir au sud ou prendre une route intermédiaire engagé plein nord. 

Votre programme de la fin de semaine ?

Yann : Mon linge à plier et mon sac à faire. Je pense que je vais tout faire samedi au dernier moment... (rire)

Martin : Je suis un peu à l'inverse de Yann, j'ai besoin que tout soit calé...J'ai hâte de partir en tout cas. 

Les projets à venir ? 

Martin : La solitaire du Figaro cet été et puis je l'espère un embarquement en Imoca pour la Jacques Vabre. C'est désormais le circuit que j'aimerai intégrer pour la suite, autrement dit suivre les traces de Yann. 

Yann : J'ai la Transat Jacques Vabre à préparer (Yann sera embarqué au côté de Sébastion Simon sur l'Imoca Arkea Paprec). Cela va me prendre un peu de temps si on veut faire ça bien. Se sont des bateaux compliqués. Et pour la suite, on verra...

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