Dans un entretien accordé ce mercredi aux Echos, la ministre chargée des transports envisage de taxer les poids lourds pour financer les infrastructures. Le spectre d'un retour déguisé de l'écotaxe est redouté par la fédération des transporteurs routiers bretons.
10 milliards d'euros : c'est le montant des dépenses annoncées mais non financées au niveau des transports pour le quinquennat à venir. Une des pistes de financement évoquée ce mercredi matin dans les Echos (article payant) par la ministre Elisabeth Borne est de taxer les poids lourds : "Les flux de camions qui transitent par nos territoires doivent eux aussi contribuer au financement de nos infrastructures", et précise que "ce ne serait pas une bonne idée de relancer (l'écotaxe) en l'état".
La réaction des transporteurs routiers ne s'est pas fait attendre. Ils imaginent et redoutent le retour d'une écotaxe déguisée. Ils rappellent que les entreprises de la route ont déjà vu leur carburant augmenté de 4 centimes par litre pour compenser l'abandon de l'écotaxe.
Des régions volontaires pour des expérimentations
Elisabeth Borne rappelle que "certaines régions sont volontaires pour lancer des expérimentations et que d'autres demandent à pouvoir créer, comme l'a fait le Grand Paris, une taxe spécifique dédiée aux besoins en équipement".Elle évoque aussi "la mise en place de péages sur certaines sections de routes nationales, sans pénaliser les déplacements de proximité, à l'image de ce qui a déjà été fait dans les Landes".
François Baudouin, le président de la FNTR (Fédération Nationale des Transports Routiers) Bretagne prévient la ministre que "le secteur n'a pas besoin d'annonce anxiogène qui mettrait en péril le peu d'optimisme que l'on a pu observer ces derniers mois".
L'écotaxe : une mesure jamais mise en service
L'écotaxe, lancée à la suite du Grenelle de l'environnement, avait pour objectif d'appliquer un prélèvement automatique sur les poids lourds empruntant les routes nationales et locales. Elle devait permettre le financement et l'entretien des infrastructures de transport. Elle ne verra jamais le jour suite à la mobilisation des Bonnets rouges en Bretagne qui en 2013 et 2014 ont mis à bas de nombreux portiques. Son remplacement par un péage de transit avait été envisagé, avant une "suspension sine die" par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, et, le 30 octobre 2014, la résiliation du contrat passé avec Ecomouv'.La facture pour l'Etat de l'abandon de l'écotaxe avait été estimée par la Cour des Comptes, à minima à un milliard d'euros rien qu'en indemnisations.