Comme Tri Martolod, ou Pop Plinn, la Suite Sudarmoricaine est l'un des titres emblématiques d'Alan Stivell. Mais celui-là a en plus une histoire savoureuse. Ce n'est pas tous les jours qu'en haut du hit-parade français se hisse une chanson paillarde en breton
"Ceux qui n'étaient pas bretonnants écoutaient la musique, le son de ma voix, et ils étaient persuadés que ça parlait de korrigans sur la lande". C'est Stivell qui parle. Et quasi 45 ans après, l'histoire l'amuse toujours.
Nous sommes au début des années 70. Stivell a pris le parti de remettre au goût du jour des airs traditionnels en leur offrant des accents pop rock. Sa démarche révolutionnaire et son Olympia 72 vont marquer l'histoire de la musique. Mais le jeune breton va s'offrir aussi une belle récréation.
Parmi les airs qu'il souhaite arranger, il y a un An-Dro du Pays vannetais entendu dans un stage de musique quelques années plus tôt. Enfin pas tout à fait. Ce n'est pas la version originale que Stivell aimerait adapter. Mais la version paillarde que quelques uns de ses amis ont inventée un soir. Avec une ouverture à la kena, la flûte sudaméricaine, Pardon Speied devient la Suite Sudarmoricaine.
Au coude à coude avec "Le Parrain"
Les arrangements de Stivell sont tellement dans l'air du temps que la chanson rivalise avec la musique du film "Le Parrain" en haut du hit parade. Une première pour un titre en breton. Et comme il faut jouer le jeu jusqu'au bout, Stivell s'en va interpréter son morceau sur les plateaux télés parisiens.
Sur les images de l'Ina, on relève les échanges de regards malicieux avec ses musiciens. Chanter une partie de jambes en l'air devant la France entière... est une partie de plaisir.