1990. Belle-Ile-en-mer est élue chanson de la décennie aux Victoires de la Musique. Laurent Voulzy a le sourire. Le titre qu'il a composé avec son ami Alain Souchon revient de très loin. Belle-Ile-en-Mer avait commencé sa rocambolesque carrière sur l'anonyme face B d'un autre 45 tours.
L'histoire est incroyable. Nous sommes en 1985. En revenant d'une partie de tennis en région parisienne, Laurent Voulzy tombe sur une petite station FM du Val de Marne, qui diffuse une chanson qu'il connaît bien, mais qui à cet instant va profondément le toucher. Cette chanson s'appelle Belle-Ile-en-mer, c'est la sienne. Elle figure depuis quelques mois sur la face B de son dernier 45 tours "Mes nuits sans Kim Wilde".Au volant de sa voiture, Voulzy se dit que ce titre mérite une autre chance. Il appelle sa maison de disques. Qui accepte de retourner le 45 tours. Belle-Ile-en-Mer devient le titre phare. Et ne sera désormais plus diffusée seulement sur la petite station du Val de Marne, mais sur toutes les radios.
C'est une chanson qui raconte ma vie
Cinq ans plus tard, Belle Ile en Mer est donc sacrée chanson de la décennie. Elle est entrée dans le cœur des Français qui la considèrent bien souvent comme une chanson de vacances, dépaysante.
"Pourtant, dit Voulzy, c'est avant tout ma vie que racontent les paroles de Souchon. Celle d'un garçon conçu en Guadeloupe et qui grandit en métropole. Avec au fond du cœur parfois "ce sentiment de solitude et d'isolement" que connaissent dans les cours d'école des années 60 les enfants cafés au lait au milieu des petits blancs.
Isolé, Laurent Voulzy. Comme une île. Comme Belle-Ile-en mer où il venait passer des vacances quand il était petit, comme Marie-Galante la terre de sa maman au sud de la Guadeloupe. Sur une seule et même chanson, Souchon va graver les deux faces de Voulzy.
G. Le Morvan, T. Bouilly, T. Descamps