Vivendi contre Ubisoft, ou Vincent Bolloré contre Yves Guillemot, combat de Bretons

Depuis quelques mois la société Ubisoft, éditeur de jeux vidéo, aux mains de la famille Guillemot, de Carentoir (56) subit une violente offensive de la part du géant des médias Vivendi, tenu par Vincent Bolloré, issu d'une autre famille bretonne.

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D'un côté, les frères Guillemot de Carentoir dans le Morbihan, à la tête de Ubisoft, l'un des trois leaders mondiaux du jeux vidéo, de l'autre Vincent Bolloré, pour Vivendi, un géant des médias et des communications, détenant entre autres, Canal+, Daily Motion, ou Universal et dont la famille est originaire d'Ergué-Gaberic dans le Finistère. Entre les deux, le combat fait rage.

Vivendi a lancé une OPA sur Gameloft


Vivendi, qui détient déjà plus de 30% du capital de Gameloft, éditeur de jeux vidéo pour mobiles et filiale d'Ubisoft, a annoncé jeudi soir le lancement d’une OPA sur cette société, fondée par la famille Guillemot en 1999. Il faut rappeler qu'elle était déjà entrée par surprise au capital de Gameloft au mois d'octobre dernier et détient 15% du capital de Ubisoft. Cette OPA, au prix de 6 euros par action, contre 5,48 euros à la clôture jeudi, valorise Gameloft à près de 512 millions d'euros, selon un avis publié par l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Objectif d'une hausse de 60% du chiffre d'affaires


Plut tôt dans la journée, Yves Guillemot avait présenté des objectifs de croissance ambitieux à l'horizon 2019, alors qu'il sait que sa survie en tant que groupe indépendant est en jeu face à l'offensive de Vivendi.
Le groupe français, créateur d'Assassin's Creed ou de Rayman, prévoit de quasiment tripler son résultat opérationnel en trois ans et de dégager un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros en 2018/2019, en hausse de 60% par rapport à l'exercice en cours. Le groupe compte notamment sur son nouveau jeu The Division, qui devrait donner lieu à l'un des lancements les plus gros du secteur, en mars. Les actionnaires vont devoir choisir entre "nous accompagner et faire de la croissance ou voter pour une compagnie qui a un but autre", a plaidé Yves Guillemot, le cofondateur et PDG du groupe au cours d'une présentation retransmise sur internet, en référence à Vivendi qui a donc acquis des titres Ubisoft jusqu'à en détenir 15% sans y avoir été invité, alors que la famille Guillemot n'en possède elle que 9%.

"Pas de synergie" entre les deux groupes


Le directeur financier d'Ubisoft, Alain Martinez déclarait ainsi jeudi. "Nous attendons de savoir ce que Vivendi peut apporter à Ubisoft et n'avons pas eu de réponse à ce sujet". Le PDG Yves Guillemot a répété "ne pas voir de synergies" avec les différentes activités de Vivendi dans l'hypothèse d'une éventuelle absorption. "Ubisoft achète déjà une partie de sa musique à Universal Music Group (UMG) et a un profil beaucoup plus international que Canal+ qui est très centré sur la France et l'Europe", a-t-il encore souligné. Quant aux collaborations dans le cinéma, Ubisoft ne voit pas l'intérêt d'un rapprochement avec StudioCanal "quand nous pouvons avoir accès aux 5 plus grands studios" mondiaux, a noté Yves Guillemot.

Les deux hommes ne se sont pas parlé


Quand l'entrepreneur a reçu en octobre un appel téléphonique de Vincent Bolloré lui proposant une rencontre avec son lieutenant Arnaud de Puyfontaine pour explorer des projets communs, le patron d'Ubisoft avait initialement eu une réaction favorable. Mais quand il s'est rendu compte le soir même que Vivendi avait déjà pris une participation de 6,6% dans le groupe, il a peu apprécié le procédé et les deux hommes "ne se sont jamais parlé", a expliqué une source proche.
Dans un communiqué, Vivendi a assuré que ce projet "s'intègre parfaitement dans la stratégie de développement du groupe comme leader mondial des contenus et des médias", notant que "le segment des jeux pour mobiles est celui qui devrait connaître la plus forte croissance" ces prochaines années.


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